A quelle logique répond la décision de fusionner la société d’aménagement la Serm et l’OPH métropolitain ACM Habitat ?
Cela s’inscrit dans une démarche de modernisation de l’administration territoriale. Au terme de 23 mois de mandat, l’intégralité des membres du comité de direction de la Ville et de la métropole ont changé. Les directeurs généraux délégués ont remplacé les directeurs généraux adjoints pour sortir de l’effet silo et gagner en efficacité en maîtrisant le temps pour mener les projets. Et puis, les outils hérités de Georges Frèche, notamment le groupe Serm-SA3M et la Société de transports de l’agglomération de Montpellier (TAM), avaient pris beaucoup d’autonomie, créant des situations de concurrence avec les directions de l’urbanisme et des mobilités de la Ville et de la Métropole. Depuis, la TAM est devenue une société publique locale. La Serm et ACM Habitat sont désormais chapeautés par Altémed, une holding qui aura un statut de société de coordination. Nous allons transmettre au gouvernement notre demande d’agrément. Outre une plus grande efficacité de l’action publique, leur fusion générera des économies de fonctionnement estimées à 4 millions d’euros par an. C’est autant d’argent que nous pourrons investir dans d’autres projets.
« Je le dis aux professionnels du BTP : il se passe des choses à Montpellier. Soyez exemplaires ! »
Quelles sont les avancées en termes de planification urbaine ?
Nous espérons approuver un PLUI climat en 2023. Nous avons encore de gros efforts à fournir. Nous devons diminuer nos zones à urbaniser (AU) et densifier le long des axes de transport. Ensuite, nous devrons lancer un projet de territoire pour identifier des lieux à réinvestir, là où nous construirons du logement social mais aussi pour les jeunes ménages. C’est ce qui s’engage dans les ZAC de l’EAI ou de la Pompignane.
Nous nous appuyons déjà sur deux chartes, l’une de l’arbre, l’autre de construction durable. Cette dernière pose la question de l’écoresponsabilité. Il faut stimuler les différentes filières du territoire : bois, pierre… Je le dis aux professionnels du BTP : il se passe des choses à Montpellier. Soyez exemplaires !
Le 29 juin, vous avez présenté le dispositif d’urbanisme transitoire permisdimaginer-montpellier.fr. A quelle ambition, cela répond-il ?
Il s’agit d’accélérer l’urbanisme transitoire, face à un temps de l’urbanisme « infiniment long ». Le principe en est simple : faire vivre les lieux de réinvestissement urbain, activer un autre regard sur ces espaces, questionner leur devenir, tester des usages. La Serm-SA3M a recensé une quinzaine de fonciers, dont quatre vont faire l’objet, en septembre, d’un appel à projets destiné aux acteurs de la « fabrique urbaine ». Il s’agit de la Tour d’Assas et du Petit Bard, en zones de renouvellement urbain, du Mas des Brousses dans la ZAC Cambacérès et de la ZAC de la Restanque. Nous servirons d’intermédiaire entre porteurs de projets et preneurs potentiels (collectif d’artistes, association, mouvement citoyen, entrepreneur, etc.). Les lauréats seront désignés en janvier 2023, parallèlement à un nouvel appel sur d’autres sites. Dans la même optique, nous misons sur l’urbanisme culturel à travers le retour en force des Zones artistiques temporaires (ZAT), créées en 2010, et le lancement en septembre de Trans ZAT, un cycle de rencontres mensuelles autour des enjeux de la transformation de la ville par la culture, avec la maison de l’architecture Occitanie Méditerranée.
« Bernardo Sequi le disait, il faut travailler sur les lisières pour pousser les quartiers à se connecter »
En quoi le projet de rénovation urbaine de la Mosson est-il significatif ?
J’ai été élu sur une idée : le rééquilibrage entre l’est, là où se développe Port Marianne, et l’ouest où nous allons édifier le siège d’Altémed dans le quartier prioritaire de La Mosson. En 2026, ce futur bâtiment accueillera 400 agents contribuant à la mixité de La Mosson. Il fera d’ailleurs partie des « folies » visant à refléter l’innovation architecturale dans la ville. Ensuite, la transformation du quartier se construit dans le dialogue avec les communes limitrophes de Juvignac et Grabels. Nous allons ainsi construire des écoles en lisière. Bernardo Sequi, le grand urbaniste italien, le disait. Il faut travailler sur les lisières pour pousser les quartiers à se connecter. Le département de l’Hérault va participer à cette recomposition en construisant un nouveau collège à Juvignac, qui ira chercher une partie des enfants de La Mosson et enrayera les phénomènes ségrégatifs. En termes d’espaces publics, nous réaménagerons le parc de La Mosson. Cela en fait un projet de territoire qui répond à une ambition métropolitaine.
La culture nous servira aussi de levier pour transformer le quartier. Nous allons y créer des équipements culturels et y faire vivre des artistes afin qu’ils disent à toute la métropole venez nous voir. On profiterait de la reconversion du stade de La Mosson. La ville de Montpellier et les territoires de l’Hérault qui l’entourent, de Sète à Agde en passant par les premiers contreforts des Cévennes et Lunel, viennent de lancer leur candidature pour être capitale européenne de la Culture en 2028. Si nous sommes lauréats, cet enjeu sera un élément de profonde activation.
Quel est le calendrier ?
En 2024, la tour d’Assas tombera. Un an plus tard, nous ouvrirons cinq écoles : une rénovée, une reconstruite et trois construites en périphérie entre 2026 et 2027.
En 2027, nous nous occuperons du grand mail. En 2028, les espaces publics auront été repris, et en 2030, nous aurons terminé la requalification du centre commercial Saint-Paul.
« Montpellier est une ville qui s’écrit par l’architecture contemporaine »
Pourquoi ce retour des « Folies » ?
J’étais adjoint à l’urbanisme lorsque nous avons mis en œuvre les premières « Folies ». J’ai décidé de reprendre l’idée car Montpellier est une ville qui s’écrit par l’architecture contemporaine. Nous allons lancer un défi à la profession, sur le geste architectural mais aussi sur les usages et l’adaptation au changement climatique. Les consultations qui commencent ce 1er juillet pour cinq sites s’adresseront à des groupements promoteur-architecte avec l’objectif de stimuler l’écosystème.

Un appel à projets en deux vagues est lancé pour de nouvelles Folies montpelliéraines. © Montpellier Méditerranée Métropole
En quoi le réaménagement en cours de place de la Comédie est-il représentatif de votre politique sur les espaces publics ?
Conçu par l’agence Ter, ce projet est emblématique de notre volonté de végétaliser la ville pour répondre au changement climatique mais aussi de rembellir son cœur - l’Ecusson – en le rendant accueillant pour tous. Il doit aussi participer à l’extension du centre en connectant ville moderne et ville ancienne.
Dans cette même logique, nous avons confié à la paysagiste Jacqueline Osty le réaménagement de la place des Martyrs-de-la-Résistance. Par ailleurs, l’agence Base va transformer la place des Arceaux, aujourd’hui encombrée par un parking qui crée une cassure entre l’aqueduc et l’esplanade royale du Peyrou. Enfin, nous avons confié à TVK la mission de créer une connexion entre Antigone, l’esplanade et la future ZAC Ricardo-Bofill.
Grâce à ces interventions, nous pourrons prétendre à une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco autour de la présence depuis huit cents ans de la faculté de médecine. Ces transformations vont de pair avec notre politique de la mobilité, un marqueur majeur de notre mandat.
Vous avez annoncé en début d’année un choc de l’offre avec 8 000 logements à construire dans les deux ans…
Nous avons lancé les premières consultations auprès de promoteurs avec comme ligne directrice des constructions le long des axes de transports et à proximité des écoles et des espaces publics. Cela s’accompagne de mesures de reporting, un véritable suivi qui donnera de la visibilité à la profession.
Le périmètre de la métropole a-t-il vocation à grandir ?
Le président de la métropole répondra toujours oui. Mais travaillons d’abord ensemble sur des projets : par exemple, la requalification du centre-ville de Lunel ou bien la dépollution des friches de Frontignan. Notre candidature commune comme capitale européenne de la culture en 2028 nous fédère aussi. Par ailleurs, avec Nîmes, il faut que nous soyons ensemble pour porter des projets internationaux avec nos CHU et nos facultés de médecine.
Dans cet esprit, vous souhaitez mettre à disposition les outils de la métropole…
Altémed proposera ses services à des communes hors de la métropole. Il faut travailler à plus large échelle les sujets de l’habitat, de la mobilité, cultiver nos complémentarités, construire du partenariat d’égal à égal. C’est un enjeu pour Montpellier qui ne peut pas supporter à elle seule toute la croissance démographique après avoir tout aspiré au détriment des autres. Dans ce sens, nous travaillons par exemple avec Gignac, au nord, sur un bus cadencé avec une voie à haut niveau de service.