Eqiom produira son premier ciment neutre en carbone dès 2026

Le cimentier s’apprête à moderniser en profondeur son usine de Lumbres, en Hauts-de-France. Avec la volonté affichée d’en faire la première cimenterie neutre en carbone d’Europe, moyennant des investissements colossaux. Mercredi 9 novembre 202, la visite d'Agnès Pannier-Runacher a été l’occasion pour la ministre de la Transition énergétique de rappeler le soutien de l’Etat aux projets de décarbonation du secteur industriel.

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L'usine Eqiom de Lumbres (Pas-de-Calais)
Avec son programme « K6 », Eqiom espère capter 8 millions de tonnes de CO2 sur les dix premières années d’exploitation dès 2028.

C’est la plus ancienne cimenterie de l’Hexagone. La dernière des Hauts-de-France. Et l’un des 25 sites les plus émetteurs de CO2 dans le pays. Mais demain, l’usine d’Eqiom à Lumbres, dans le Pas-de-Calais, pourrait bien devenir la toute première cimenterie neutre en carbone d’Europe. Un challenge qu’Eqiom compte relever avec « K6 ». Un programme qui devrait lui permettre de capter 8 millions de tonnes de CO2 sur les dix premières années d’exploitation dès 2028, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Nouveau four

Les fondations du projet K6 reposent sur deux phases majeures. La première prévoit la construction d’un nouveau four de cuisson du clinker, principal constituant du ciment obtenu à partir d’un mélange chauffé puis broyé de calcaire et d’argile. Doté d’une plus grande capacité de production, l’équipement est voué à remplacer les deux fours actuels. Sa mise en service, programmée en 2026, permettra à la cimenterie de réduire de 20% ses émissions de CO2 par tonne de clinker. Ou encore d’augmenter significativement la part de combustibles valorisés, soit 250 000 tonnes contre 140 000 tonnes aujourd’hui.

En parallèle, Eqiom utilisera davantage le calcaire des 80 hectares de ses carrières voisines afin d’augmenter sa production de clinker. « On passera de 600 000 tonnes à 1 million de tonnes demain, indique Roberto Huet, Pdg d’Eqiom. L’objectif étant de ne plus importer de clinker à terme ». Cette première phase représente un investissement de 200 M€. Pour lequel le cimentier a sollicité le soutien de l’Etat à travers l’Ademe, l’agence publique de la transition écologique. « Nous ne connaissons pas encore le montant qui nous sera alloué. Nous espérons un retour de l’agence avant la fin de l’année », poursuit Roberto Huet.

153 M€ européens

La seconde phase de « K6 » s’appuie sur la mise en œuvre, à horizon six ans, d’une solution cryogénique de captation de la quasi-totalité du dioxyde de carbone libéré lors de l’activité de la cimenterie. La technologie est baptisée Cryocap Oxy et développée par Air Liquide, leader mondial des gaz, technologies et services pour l'industrie et la santé.

Capté en sortie de four, le CO2 sera liquéfié puis acheminé vers le futur « Hub CO2 » du port de Dunkerque. Il sera par la suite transporté par bateau jusqu’au large de la Norvège où il sera stocké dans des formations géologiques profondes.

Eqiom et son partenaire Air Liquide ont d’ores et déjà reçu un financement de 153 M€ du fonds d’innovation de la Commission européenne pour leur projet commun. Une subvention obtenue dans le cadre de la première campagne d’un appel à projets. Sur 300 candidatures, seuls sept projets européens ont été primés.

A Lumbres, Eqiom emploie 140 personnes et produit neuf sortes de ciments pour un total annuel de 900 000 tonnes. Dont 200 000 tonnes alimentent l’Île-de-France par voie ferrée.

Le Programme K6 salué par l’Etat

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Au lendemain de la réunion à l’Elysée d’Emmanuel Macron avec les 50 industriels les plus émetteurs de CO2, Eqiom a reçu mercredi 9 novembre la visite d’Agnès Pannier-Runacher sur son site de Lumbres. L’occasion pour la ministre de la Transition énergétique de rappeler le soutien de l’Etat aux projets de décarbonation du secteur industriel. Notamment à travers le plan France Relance doté de 100 milliards d’euros et le plan France 2030 avec son enveloppe de 30 milliards d’euros. « L’industrie c’est 20% des émissions de CO2 mais c’est aussi 100% des solutions », a déclaré Agnès Pannier-Runacher. Pour qui, le Programme K6 d’Eqiom est l’exemple même de « la volonté du gouvernement en matière de décarbonation ».

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