Créés en même temps que le ministère de l'Equipement, les Cete (centres d'études techniques de l'équipement) ont accompagné la politique d'aménagement et d'équipement de l'Hexagone, notamment dans le domaine routier. A la variété de leurs compétences (infrastructures de transports, urbanisme, habitat, etc.), ils ajoutent une originalité typiquement française : « Faire le lien entre recherche et terrain ; ce lien qui permet de valoriser les recherches et de faire remonter les problèmes », écrivait le ministre de l'Equipement, Bernard Pons, dans la directive en date du 23 janvier 1997 qui fixe les nouvelles orientations des Cete (voir le texte intégral en page textes officiels).
Trois motifs à cette évolution : la décentralisation a quinze ans, l'ingénierie française privée est entrée dans la compétition internationale et, enfin, l'Etat souhaite apporter un soin tout particulier aux investissements qu'il réalise. Les Cete vont donc assumer de nouvelles missions et abandonner ou restreindre certaines autres (l'informatique, la route).
Cinq orientations ont été fixées par le ministre de l'Equipement.
Conseil et expertise : souhaitant conforter la double vocation des Cete, appui à l'action publique et vecteur de l'innovation technique, Bernard Pons entend voir ces derniers « renforcer leurs activités dans les études en amont, le conseil et l'expertise pour les maîtres d'ouvrage, l'appui technique et le conseil aux services déconcentrés, notamment les DDE et les DRE ». Ceci devra aller de pair avec l'élaboration des doctrines techniques et de méthodologies d'étude ainsi qu'une participation plus forte à la recherche et à l'expérimentation comme à la formation.
Qualification de l'ingénierie française : appelés à « travailler de plus en réseau », les Cete, dans leurs activités d'ingénierie, devront contribuer à la qualification de l'ingénierie française privée, en France, mais aussi hors de nos frontières. Ce qui suppose, outre le travail en réseau entre eux ou avec les organismes scientifiques et techniques centraux, de nouer des liens avec des « partenaires extérieurs ».
Partenariat avec l'ensemble des ministères : pour répondre aux attentes de la société, les Cete devront continuer à accompagner les politiques du ministère de l'Equipement (transports, aménagement, habitat), mais aussi s'ouvrir à celles d'autres ministères ou collectivités locales, « notamment dans le domaine de l'environnement et de la ville ». Ils devront donc se renforcer dans ces domaines ; quitte à réorienter leur action dans les secteurs plus traditionnels comme l'informatique et la route (voir encadré ci-dessous). Pour ce dernier domaine, l'urgence est de se conformer aux nouvelles attentes des maîtres d'ouvrage : études préliminaires et intégration dans l'environnement, conception générale d'ouvrages complexes, conseil en matière de gestion de patrimoine, contrôle de qualité. De plus, les Cete accentueront leurs actions d'appui technique pour la politique de sécurité routière et d'innovation en matière d'exploitation de la route.
Ouverture vers d'autres donneurs d'ordres : cette évolution des missions et des tâches ne sera possible qu'au prix d'une « plus grande ouverture vers leurs partenaires ou donneurs d'ordre traditionnels ou nouveaux », écrit Bernard Pons, avec la constitution, déjà effective dans chaque Cete, d'un comité d'orientation ouvert sur ces partenaires et l'engagement de démarches qualité. De nombreux agents ont été recrutés dans les années 70 et 80 avec un statut de non-titulaire, ce qui ne paraît guère possible aujourd'hui. Ces agents contractuels partiront à la retraite dans les dix ou quinze ans à venir. Afin de conserver leurs savoir-faire et de préparer leurs remplaçants à leurs nouvelles missions, le ministère fera appel « à l'ensemble de ses corps de fonctionnaires et, dans certains cas, à ceux d'autres ministères, ainsi qu'à la fonction publique territoriale. De plus, chaque Cete devra, à son niveau, renforcer sa capacité à gérer par anticipation cette question essentielle », prévoit la circulaire.
Concertation au sein des Cete : enfin, pour réussir ce changement, Bernard Pons en appelle à la concertation avec tous les agents des Cete. Un dispositif de pilotage renforcé s'appuiera sur le niveau local de chaque Cete et sur le niveau central (avec un rôle d'animation particulier pour la Drast et la direction du personnel et des services du ministère (1) qui « veillera à la mise en place d'une action cohérente des directions d'administration centrale et des services techniques centraux, en particulier le Certu, le Setra et le LCPC». Les orientations définies feront l'objet - y compris pour la direction régionale d'Ile-de-France pour son activité Cete - d'un plan d'action à trois ans qui sera remis à la fin du printemps prochain.
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(1) Drast : direction de la recherche et des affaires scientifiques et techniques. DPS : direction du personnel et des services du ministère de l'Equipement
Les huit Cete de France
Les huit centres d'études techniques de l'équipement emploient 4 000 personnes environ réparties sur huit sites :
Cete Méditerranée, à Aix-en-Provence.
Cete de Lyon, à Lyon.
Cete de l'Est, à Metz.
Cete Nord-Picardie, à Lille.
Cete Normandie-Centre, à Rouen.
Cete de l'Ouest, à Nantes.
Cete du Sud-Ouest, à Bordeaux.
Cete de l'Ile-de-France (1).
(1) Sans avoir d'existence administrative au sens strict, la direction régionale de l'équipement d'Ile-de-France assure une activité de Cete.
PHOTO : Les Cete vont devoir réorienter certaines de leurs activités comme l'informatique ou la route. (Ici, vue d'une réalisation route-habitations dans les Hauts-de-Seine).