Pendant plusieurs décennies, la base d’aéronautique navale de Berre-l’Etang (Bouches-du-Rhône) a rendu inaccessible une bonne partie de la berge, à la hauteur du centre-ville, et de surcroît occulté la vue sur l’immense plan d’eau.
Son départ, et l’acquisition par la Ville de cette emprise foncière stratégique pour son développement, ont permis d’enclencher une mutation de la rive, avec l’aménagement en cours d’un parc urbain qui occupera plus de 36 hectares une fois achevé. Il s’étirera même au-delà des limites de l’ancienne base, sur plus de deux kilomètres le long de l’eau, du port de plaisance à l’ouest à la côte plus sauvage à l’est. Ce vaste espace public a vocation à accueillir toutes sortes d’activités : promenades à pied sur le quai ou à vélo sur les pistes cyclables, espaces appropriés pour les grandes manifestations et événements, prairie pour les jeux et pique-niques, jardins dédiés aux cultures méditerranéennes…
L’aménagement du parc en a amené d’autres dans son sillage. Un boulevard urbain a été créé, à partir des sections de route existantes, qui libère le centre-ville du trafic routier et dessert les équipements du quartier sud de la ville. Autour de cet axe, un nouveau maillage de voies transversales – dont plusieurs allées piétonnes – met désormais en relation directe la ville et l’étang.
Trois grandes séquences
De même, sur les parcelles vacantes, des quartiers d’habitat et d’activités tertiaires sont programmés, ainsi que la construction d’une gendarmerie qui redessineront la façade de la ville sur son étang. L’élaboration du schéma directeur de ce secteur a été confiée aux concepteurs du parc, l’agence de paysagistes APS. « Le projet de parc devait logiquement arrêter la croissance urbaine sur la rive. Mais la forte pression foncière rendait nécessaire ce document d’urbanisme qui cadre l’extension de la ville tout en préservant le parc », explique le paysagiste Jean-Louis Knidel.
Dans ce parc, trois grandes séquences seront déclinées, du plus urbain à l’ouest au plus naturel à l’est, en s’appuyant sur les traces existantes et les potentialités en présence pour les réinvestir. C’est ici l’axe d’une voie ferrée qui suggère le tracé d’un canal végétal, ailleurs d’anciennes plates-formes évoluant en belvédères sur l’eau, ou encore un parc boisé (le parc Henri-Fabre) bientôt intégré au projet. « La patine de ce lieu particulier a déterminé les différentes entités », ajoute le paysagiste. Même si parfois certains éléments ont pu compliquer la tâche, à l’instar d’un pipeline souterrain qui traverse linéairement le site. Les constructions existantes, comme le hangar à hydravions reconverti en piscine municipale ou les quartiers pavillonnaires, ont également dicté la morphologie très découpée du parc.
Grande prairie
Les deux premières tranches sont aujourd’hui livrées, la dernière doit s’achever en 2010. Les premières correspondent à la partie la plus urbaine du parc, avec l’esplanade des palmiers, une place en pierre calcaire qui fait le pendant à celle de la mairie en centre-ville, et doublée d’une scène circulaire en aplomb sur l’eau. Un peu plus à l’ouest, adossé au petit port de plaisance et aux cabanes portuaires unifiées par une pergola, la prairie plantée de bosquets d’arbres offre une vaste étendue face à l’étang. Une promenade le long de l’eau accompagne ces différentes séquences. Elle suivra la grève jusqu’à la côte plus sauvage où la végétation spontanée sera maintenue et renforcée parmi de rares sentiers aménagés.