On peut au moins faire un reproche à la prochaine Constitution européenne : le débat auquel donne lieu son adoption risque de faire oublier l'importance des futurs réseaux transeuropéens de transports.
Ces réseaux sont évidemment essentiels pour les entreprises qui en réaliseront les infrastructures : ils sont pour elles l'assurance d'activité, d'emploi et de développement.
Mais ils sont surtout vitaux pour la construction de l'espace européen et de son vaste marché intérieur : les réseaux de transports constituent le système nerveux de nos territoires, où peuvent alors se développer la construction de logements et de bâtiments tertiaires, avec tous les services nécessaires à leur accompagnement.
La mobilité, comme l'a souligné Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne, lors du déjeuner-débat organisé par Le Moniteur, est devenue le maître-mot : mobilité entre les villes, et aussi au sein des villes.
On imagine sans peine les arbitrages que cela présuppose. Arbitrage technique entre les divers modes de transports, ferroviaire, routier et autres. Non pas pour les opposer, mais pour organiser leur complémentarité.
Mais aussi et surtout, arbitrage financier. Les trente réseaux transeuropéens déclarés prioritaires coûteront 225 milliards d'euros. Il n'est pas besoin d'être inspecteur des Finances pour comprendre que c'est beaucoup.
Même si les partenariats public-privé, adossés à un instrument de garantie qui reste à créer, peuvent apporter une part du pré-financement, il reste que la Commission européenne a besoin d'une dotation budgétaire de 20 millions d'euros pour co-financer les réseaux transeuropéens sur la période 2007-2013.
Ce qui suppose que les Etats-membres acceptent de relever le plafond de leur contribution au budget européen de 1 % à 1,14 % du PIB.
On ne peut pas dire sincèrement que l'on veut l'Europe sans vouloir ces moyens.