Ancien siège de la fédération Emmaüs-France et centre d'hébergement, revendu à I3F, détruit et tout juste reconstruit, le 179 quai de Valmy, dans le Xième arrondissement, scintille aujourd'hui de mille feux. En plus de « taper dans l'œil » des badauds se promenant le long du canal Saint-Martin, le nouvel immeuble triple la capacité d'accueil du site. Le bâtiment de 7 étages est désormais doté d'une quarantaine de chambres que le groupe I3F, propriétaire, louera à l'association Emmaüs. Respectant la vocation initiale de l'adresse, l'association dédiera l'immeuble à l'accueil de femmes en situation de détresse.
En attendant, le compagnon en charge d'installer les modules photovoltaïques sur la nouvelle façade sur rue n'a plus que deux étages à installer et il est fier du rendu de son travail. « Le canal est classé monument historique. Les Architectes des bâtiments de France (ABF) nous ont donc demandé que les modules photovoltaïques multi cristallins ne soient pas de la couleur bleu foncé classique » précise l'architecte Jean-Louis Rey en charge du projet pour l'agence d' Emmanuel Saadi. C'est Outre-Rhin, auprès de la société Sunways, que le maître d'œuvre a trouvé des couleurs « séduisantes » et respectant les prescriptions des ABF. D'après l'agence d'architecture, le fabricant allemand arrête le processus de fabrication un peu avant d'atteindre un produit offrant un rendement optimal, de manière à lui donner une couleur plus claire. Recouvrant entièrement la façade donnant sur le canal, orienté sud-est, les modules sont accrochés parallèlement aux parois opaques isolées par l'intérieur avec 12 cm de laine minérale.
"Les façades doivent être productrices et séduisantes"
Quand on demande à Emmanuel Saadi, s' il ne juge pas que l'investissement d'une telle façade est peu intéressant au regard de son rendement, il répond sans hésiter qu'elle n'est pas plus chère qu'une façade en pierre agrafée, et que la disposition verticale des modules photovoltaïques permet à la façade d'être productrice d'énergie en hiver, lorsque les pics de consommation électrique montent le plus haut. « Sur un projet à venir, nous espérons pouvoir installer des panneaux en façade avec différentes inclinaisons, de manière à profiter de tous les rayonnements et de faire de la façade une véritable centrale électrique » précise Emmanuel Saadi .
L'architecte ne s'intéresse pas au tarif de rachat auquel EDF rachètera l'électricité produite par le 179 quai de Valmy. Pour lui, peu importe le temps de retour sur investissement des installations, les façades se doivent de combiner production d'énergie et esthétique remarquable. Emmanuel Saadi aurait d'ailleurs aimé aller plus loin et faire du centre d'hébergement et de réinsertion sociale d'Emmaüs un bâtiment énergétiquement autonome. Pour cela, lors de la phase concours, il avait proposé un bâtiment incluant un système géothermique. « Les pieux de fondation ne descendent qu'à 25 m, ce qui n'aurait pas été une profondeur suffisante pour assurer le chauffage et l'ECS du bâtiment grâce à la géothermie. Il aurait fallu descendre plus profond et donc rajouter des pieux qui auraient élevé le coût de la construction. » Finalement, le toit accueillera 60 m² de panneaux solaires thermiques tubulaires, jugés par Emmanuel Saadi « plus compliqués à entretenir » qu'une installation géothermique.
