Dans la France résiliente dessinée par Hubert Falco, une cartographie nationale et interopérable des aléas (préconisation n° 70) se décline dans chaque département. Régulièrement actualisées, ces données figurent dans le porté à connaissance qui guide la planification locale (101).
Cartographier et modéliser
Grâce aux avancées technologiques coordonnées dans le technopôle spécialisé dans la sécurité civile basé à Nîmes-Garon (112), les collectivités disposent d’une modélisation « permettant à chaque maire d’observer l’impact des aménagements existants ou projetés sur son territoire, notamment en terme de risque d’inondation » (108). Pour peaufiner cet outil, l’ancien maire de Toulon suggère à la sécurité civile de procéder par appel à projets en direction des communes, des communautés de communes et des départements.
Au fil de sa « mission sur la modernisation de la sécurité civile et la protection contre les risques majeurs », Hubert Falco ne pouvait s’affranchir d’une contribution à la quête du graal de la simplification, qui fait l’objet des quatre préconisations (32 à 35) regroupées sous le titre « Simplifier et mieux partager les documents opérationnels ».
Simplifier et expérimenter
L’ancien élu ouvre le chantier de la fusion entre quatre procédures : plans de prévention des risques naturels (PPRN), plans de prévention des risques technologiques (PPRT), programmes d’action et de prévention des inondations (Papi), portés à connaissance (Pac).
Cet exercice facilite la coordination entre le monde du risque et celui de l’urbanisme (88). Les passerelles ainsi créées facilitent la définition de « zones de défendabilité dans les permis de construire ou autorisation d’urbanisme », afin de « diminuer l’exposition aux risques des habitations, pour protéger les citoyens » (87). Un champ d’expérimentations s’ouvre à de nouveaux modes de construction, pour réduire la vulnérabilité des bâtiments (109).
Entretenir et mailler
Dans les secteurs exposés, les preuves de la résilience se multiplient : les pistes dédiées à la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) font l’objet d’un entretien régulier, grâce à leur inscription dans les schémas de desserte forestière (92). Ces derniers stipulent le rétablissement des continuités avec les voiries existantes, à l’issue des chantiers d’installation d’éoliennes ou de centrales photovoltaïques.
Le maillage de parcelles agricoles joue un rôle déterminant dans la prévention des feux (97). L’accélération de ce processus résulte d’une dérogation à l’obligation d’enquêtes publiques préalables. Cette disposition duplique le modèle des « actions réparatrices » prévues en cas de crues, mais actuellement inapplicables aux incendies, non répertoriés dans la catégorie des catastrophes naturelles.
Régionaliser et mutualiser
La raréfaction de la ressource en eau conduit à puiser la ressource nécessaire à l’extinction des feux en aval des stations d’épuration (93). La dotation de soutien à l’investissement local (Dsil) flèche les aides à la constitution des réserves d’eau brute prévues dans les plans départementaux de protection des forêts contre l’incendie (PDPFCI) et dans les plans intercommunaux de débroussaillement et d’aménagement forestier (Pidaf).
Du chapitre touffu consacré au « plan organisationnel », les régions sortent gagnantes : Hubert Falco propose de « faire correspondre le périmètre des zones de défense et de sécurité au nouveau périmètre des régions » (16). Des comités régionaux de prévention et de résilience orchestrent et mutualisent les retours d’expériences, sous la co-présidence des préfets et des présidents de région (17).
Coordonner et résister
Cette idée n’a pas manqué de faire sortir l’association des départements de France de ses gonds, sous la forme d’un communiqué courroucé : « Les départements ne paieront pas pour des stratégies qu’ils n’élaborent pas », réagissent son président François Sauvadet et le président de la commission des services départementaux d’intervention et de secours André Accary. Tous deux brandissent le spectre de la « strate administrative supplémentaire stérile ».
Maître mot du rapport, « coordination » y apparaît 15 fois, au fil des 60 pages. Il faut y ajouter quatre occurrences du verbe coordonner, devancé par neuf utilisations de simplifier. La réaction des départements de France, que connaît bien Hubert Falco pour avoir présidé celui du Var, illustre la difficulté de l’exercice, obscurci par la face cachée de la France résiliente : celle des silos qui constituent autant de poches de résistance à la coordination.