Tout juste inaugurés(cinq ans après la date initialement prévue, en raison notamment de la découverte d’un nouveau site archéologique), les trésors du Parthénon vont jouir d’un accueil ensoleillé face à leur lieu d’origine. La Grèce leur dédie le Nouveau musée de l’Acropole que l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi a conçu pour le rayonnement des collections. Il abrite, entre autres, la célèbre frise dont la moitié des éléments, actuellement détenue par le British Museum, fait l’objet d’âpres débats, à l’image des passions antiques. « Pour les Grecs, l’enjeu principal du musée est d’affirmer au monde entier la légitimité du retour des marbres manquants à Athènes », fait valoir l’architecte. Au-delà de la controverse non encore résolue à ce jour, Bernard Tschumi a créé « un édifice en trois couches » dont la plus élevée abrite précisément ladite frise : en pivotant de 23° sur son socle, cette troisième couche vient se placer parallèlement au Parthénon, tandis que les deux niveaux inférieurs (hall d’accueil, expositions temporaires, département des sculptures) sont insérés dans le tissu urbain. Ainsi positionné, l’écrin de verre supérieur remet en scène toute la séquence de la frise dans les mêmes conditions que celles du Parthénon : proportions du volume, orientation solaire, lumière naturelle, nombre de piliers, choix des matériaux, etc. Tous les paramètres ont été soigneusement étudiés à cette fin. Et l’utilisation du verre y joue le premier rôle : « La transparence est l’une des grandes thématiques de notre projet », explique l’architecte. En effet, de long en large et de bas en haut, le verre se décline. Comme s’il fallait faire rentrer l’extérieur par tous les pores de l’édifice. De la même manière que l’Acropole, depuis deux mille ans, est ouverte à tous les regards du haut de son promontoire.
Site archéologique préservé
Juché sur pilotis, l’édifice préserve un site archéologique. Bernard Tschumi a optimisé la contrainte née de sa mise au jour en l’intégrant au parcours muséal au moyen d’une rampe d’entrée spectaculaire faite de caissons vitrés, au travers desquels les vestiges se dévoilent. Ainsi, dès l’entrée, la thématique de la transparence est annoncée. Elle se poursuit en un large escalier, aux marches également en verre, qui mène à l’étage des sculptures de l’époque archaïque puis, à celui de la galerie du Parthénon abritant la frise.
Dans le contexte climatique d’un pays méditerranéen, le défi technique a été de faire pénétrer une lumière naturelle de très haute qualité et d’obtenir une transparence maximale sur le paysage, sans devoir pour autant climatiser le bâtiment à outrance. Hugh Dutton, partenaire diligenté par Bernard Tschumi pour résoudre ce dilemme, a donc mis au point une épaisse paroi de verre ventilée (double vitrage extérieur et simple vitrage intérieur séparés par une lame d’air). Barrière efficace contre la chaleur et les ultraviolets, préjudiciables aux œuvres comme au confort des visiteurs, cette double peau vitrée forme une « cheminée de ventilation » qui renouvelle et brasse l’air de manière écologique : entrée d’air en partie basse (le simple vitrage intérieur ne touchant pas le sol), puis ascension entre les deux vitrages et recyclage par le plafond. Pour atteindre la transparence maximale de l’enveloppe, le dispositif imaginé par Hugh Dutton élimine toute menuiserie en mettant en œuvre le principe du verre structurel dont il est l’un des pionniers. Les panneaux vitrés sont ainsi insérés dans des pattes métalliques suspendues à la toiture par des câbles extérieurs. Seuls des joints en silicone trament les façades.
Il ne reste plus à présent qu’à savoir d’où, de l’Acropole ou de son Nouveau musée, le visiteur se trouve désormais le mieux placé pour s’immerger dans l’Antiquité.
