A partir de l'an prochain, le conseil régional de Franche-Comté consacrera 20 millions d'euros supplémentaires au budget annuel de réhabilitation de son parc de lycées. Le premier programme pluriannuel de réhabilitation lourde (PPRL) d'une durée de cinq ans, a permis de réaliser 76,2 millions de travaux dans 12 établissements. Les travaux ont essentiellement porté sur la remise aux normes de l'ensemble des réseaux primaires (électricité, chauffage, cages d'escaliers) ainsi que les internats. Quatre lycées seront quasiment remis à neuf à l'achèvement du plan, en fin d'année.
Le nouveau programme (2004-2008) concerne le même nombre d'établissements, avec une dotation de 100 millions d'euros contre 76 millions précédemment. Six lycées figuraient déjà dans le premier programme, notamment le lycée Jules-Haag à Besançon dont la restructuration estimée à 38 millions d'euros équivaut à la construction d'un gros lycée neuf. Les 6 autres établissements sélectionnés entrent dans la catégorie des grosses rénovations. Chaque chantier mobilisera 6 à 8 millions.
Ces nouveaux « élus », pour la plupart bâtis dans les années 60, ont déjà subi une première transformation, du préfabriqué à la construction traditionnelle. Il s'agit maintenant, en plus d'augmentations de capacité, de rajeunir les salles de classe, de transformer les ateliers, de refaire les installations techniques et de réorganiser les espaces collectifs. Au terme du second PPRL, la majorité des établissements jouira de locaux fonctionnels et conviviaux pour la vie scolaire, la demi-pension et les centres de documentation et d'information (CDI).
Un parc très dense
Le conseil régional poursuit dans le même temps un programme d'aide à la construction ou à la rénovation de gymnases communaux. Il subventionne les opérations sur les équipements sportifs proches des lycées à hauteur de 50 % d'une dépense théorique de 900 000 euros.
« Le parc de lycées franc-comtois est plus dense que la moyenne en raison du passé industriel qui a entraîné la création de formations techniques sur les bassins d'emploi des entreprises », explique Daniel Moret, directeur général adjoint en charge du pôle formation et culture. De plus, un bon nombre de lycées professionnels date de l'Entre-deux- guerres, à l'instar du lycée Jules-Haag établi dans l'ancienne Ecole nationale d'horlogerie de Besançon. Le bâtiment des années 30, en forme de A sur 4 niveaux, a déjà bénéficié de 23, 8 millions d'euros de travaux depuis sa spécialisation, à la fin des années 80, dans l'enseignement des microtechniques. Le bâtiment scientifique de 1 800 m2 en cours d'achèvement rue Coste permettra de libérer les locaux des classes préparatoires et d'ingénieurs afin d'entreprendre une rénovation lourde pendant la période scolaire, en limitant les risques de nuisance.
Une organisation millimétrée
« Ces opérations à tiroirs nécessitent une organisation minutieuse de tous les intervenants », précise Daniel Moret. Les études de programmation sont réalisées plus d'un an avant le démarrage du chantier et les appels d'offres lancés très tôt de façon à laisser aux entreprises au moins trois mois de préparation du chantier. Ces délais sont d'ailleurs formalisés dans le cahier des charges, car les vacances scolaires sont la période privilégiée des phases les plus lourdes.
Pour la restructuration de l'aile Villarceau (2 472 m2 de salles et ateliers), réalisée en deux mois et demi l'été dernier, deux équipes de gros oeuvre se sont relayées de 6 heures du matin à 22 heures. Les éléments préfabriqués en béton ont été préférés au coulage sur place pour réduire les temps de séchage. Les menuiseries ont été installées au fur et à mesure de la réalisation du parement et quatre entreprises de recouvrement de sols sont intervenues en même temps. Cette organisation millimétrée facilite en outre la gestion financière du plan, doté de 20 millions d'euros par an de crédits de paiement.
La densité et les délais des plans de réhabilitation ont conduit le conseil régional à déléguer la maîtrise d'ouvrage, mais les services réalisent tout le travail en amont : contenu des programmes, calendrier, coordination des différents chantiers. La maîtrise d'oeuvre fait généralement l'objet de concours sur prestation, parfois sur référence. Le plus souvent, quatre équipes sont invitées à présenter une esquisse. Le jury porte une attention particulière aux architectes sans référence majeure, voire aucune, dans le monde de l'éducation. En leur confiant le lycée Condé, le conseil régional a ainsi révélé les architectes bisontins, Bernard Quirot et Olivier Vichard, maintenant signataires de plusieurs projets publics.
Intervention de mandataires
Le mandataire est généralement une société d'économie mixte (SEM) locale, liée au maître d'ouvrage par un protocole global et une convention par opération. Il s'agit, selon la localisation du chantier, de la société d'économie mixte de développement du Doubs (Sedd), la société d'équipement du Territoire de Belfort (Sodeb), la société comtoise d'aménagement et de développement (Socad) en ce qui concerne le Jura et la Haute-Saône. Le conseil régional délègue d'ailleurs en permanence 6 ou 7 chargés d'opérations au sein des SEM. La collectivité privilégie les lots séparés, sauf lorsqu'un groupement d'entreprises ou une entreprise générale peut assurer une forte coordination. Cette solution est aussi préférée lorsque les délais de réalisation sont très courts.
PHOTO :
A Besançon, le lycée Jules-Haag bénéficie d'une lourde restructuration : le montant des travaux engagés sur ces bâtiments datant des années 30 (38 millions d'euros au total) équivaut à la construction d'un établissement neuf.