Quel bilan tirez-vous de l’année 2019 ?
Pour Effy, l’année 2019 a été celle d’une transformation intense, dans un contexte de marché porteur. L’activité a en effet été fortement dynamisée par le coup de pouce, revisité en janvier pour être étendu au chauffage, via les offres à 1 €. Mais elles se sont trop bien comportées ! Le Gouvernement a modifié les règles en cours d’année, ce qui est toujours très brutal. Depuis le 10 octobre à minuit, les aides du programme Habiter Mieux Agilité sont plafonnées à 8000 € pour toutes les opérations et à 2400 € pour les chaudières. Et pour l’année prochaine, on s’achemine vers un écrêtement des aides à 90 % du montant total des travaux pour les ménages modestes, ce qui signifie que le reste à charge sera de 10 %. C’en sera donc fini de nos offres à 1 €.
Cela signifie-t-il qu’Effy va se retirer du marché de la précarité énergétique ?
Non. Effy, qui est aujourd’hui le premier opérateur de la rénovation énergétique en France, va poursuivre ses opérations. Mais nous vendrons les travaux avec un reste à charge, au lieu de proposer des chantiers à 1 €. Ca ne me dérange pas fondamentalement, d’autant que cela rendra la tâche plus compliquée aux arnaqueurs qui ont fleuri sur le marché ! Nous réfléchissons à des solutions de financement avec des partenaires spécialisés, de sorte que le reste à charge de 10 %, transformé en mensualités, soit moins important que les économies réalisées sur la facture. Ce que nous avons appris avec les 1000 pompes à chaleur à 1 € posées en 2019 par nos 70 installateurs partenaires, en termes de gestion des aides, nous servira pour la suite.
Envisagez-vous d’autres travaux que l’isolation et les pompes à chaleur ?
Oui, bien sûr. Nous démarrons les chaudières, avec les mêmes partenaires que pour les pompes à chaleur. La chaîne logistique est similaire : nous nous appuyons sur les mêmes partenaires industriels que pour les pompes à chaleur, et sur les mêmes relais chez les négociants, DSC et Rexel. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas choisi d’aller sur la biomasse, car ce ne sont ni les mêmes fabricants, ni les mêmes installateurs. Si nous allons un jour sur cette énergie, ce sera sans doute plus avec le poêle.
Le négoce joue un rôle logistique dans votre chaîne de valeur, mais vous ne vous appuyez pas sur lui pour développer votre réseau de partenaires installateurs. Pour quelle raison ?
Il y a dix ans, à la naissance du groupe, nous avons déployé la première offre en négoce. Cela a beaucoup d’avantages, et notamment celui de la rapidité. Mais par le négoce, on n’a pas la garantie de recruter des entreprises de qualité, car un patron d’agence aura du mal à choisir parmi ses clients. Or, Effy met depuis le début l’accent sur l’excellence de ses partenaires installateurs.
Comment les sélectionnez-vous ?
Nous appliquons trois critères. Tout d’abord, être qualifié RGE dans le métier exercé. Ensuite, la solidité financière, mesurée par un scoring avec un partenaire spécialisé. Enfin, la réputation et la notation, mesurée par une moyenne des différents avis sur Internet et par le retour de nos clients particuliers.
Comment définissez-vous Effy aujourd’hui ? Un délégataire de CEE ? Un marchand de leads ?
J’ai créé le métier de délégataire, mais Effy n’en est plus là. Nous accompagnons les particuliers dans leurs travaux de rénovation énergétique, de deux façons. L’offre Pro’Pulse, que nous avons lancée à Interclima, concerne tout le monde : Effy facilite le parcours de travaux en mettant en face du bon projet le bon professionnel, dans notre réseau de 2 200 partenaires actifs. Pour les ménages modestes, notre accompagnement est plus musclé : c’est notre assurance décennale qui entre en jeu, nous effectuons le devis, nous achetons le matériel. Nous avons donc mis en place tout un système d’accompagnement, dans l’esprit de créer un climat de confiance. Nous ne sommes donc plus un marchand de leads, car nous partageons un client particulier avec un partenaire professionnel. Chacun fait sa part : à nous le digital et la gestion des aides à distance, à eux le local et la proximité.
Quel message adressez-vous aux Pouvoirs publics ?
Effy va loin dans les facteurs de confiance. Ce que j’attends, c’est que les Pouvoirs publics mettent eux aussi en œuvre les dispositifs qui créent plus de confiance.