GERARD COLLOMB, maire de Lyon, président du Grand Lyon « Nous bâtissons l’image européenne de Lyon »

A la compétitivité globale, le maire de Lyon répond par une attractivité globale de l’agglomération. Depuis six ans, la Ville investit les instances internationales, lance de grands projets urbains, prône la qualité architecturale... Mais le poids de l’aire urbaine, avec 1,7 million d’habitants, pousse à l’émergence d’une nouvelle gouvernance.

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Les périmètres administratifs sont-ils encore pertinents ?

Les frontières du Grand Lyon ne correspondent plus à la réalité vécue par les habitants de l’aire urbaine. Pour des raisons de démographie, de développement économique et d’aménagement du territoire, nous devons définir des stratégies et initier des politiques structurantes à l’échelle de la métropole, avec l’ensemble des collectivités et des acteurs du territoire. C’est dans cette optique que nous avons initié la démarche partenariale Real, futur RER lyonnais.

Vous fondez des espoirs sur une nouvelle gouvernance...

La réflexion prospective Lyon 2020, publique en mars, examine des pistes pour l’installation d’une gouvernance urbaine. S’il est assez simple, à l’heure actuelle, de travailler avec les communautés de communes limitrophes, voire les agglomérations, il nous faut dialoguer davantage avec le conseil régional et les conseils généraux de l’aire métropolitaine : Rhône, Loire, Isère, Ain. À nous de trouver les moyens pour constituer, dans les prochaines années, un conseil de gouvernance qui définisse les lignes stratégiques de notre développement commun. C’est un projet de réforme important si l’on veut constituer des territoires forts comme en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Italie.

Vous misez beaucoup sur Lyon à l’international...

Nous y renforçons notre présence. Avec l’ensemble des partenaires économiques de l’agglomération, nous venons de lancer une signature commune, OnlyLyon, identité facilement repérable à l’étranger, à l’heure où les métropoles européennes sont de plus en plus concurrentes. Prendre position sur la scène internationale est un de nos fils conducteurs. Dès le début de ce mandat, nous nous sommes inspirés de la stratégie barcelonaise qui a investi très largement les instances de décision nationales, européennes ou internationales. Cette stratégie n’est pas dissociée d’une ambition globale pour les villes. Les territoires urbains concentrent les richesses, les savoirs, les populations et, face au mouvement de décentralisation, jouent un rôle international croissant.

Comment se traduit cette volonté ?

Par une participation active à tous les grands réseaux internationaux. Eurocités, que je préside, compte parmi ses membres les 130 plus grandes villes européennes et permet de porter leur voix face aux instances européennes. Même chose avec la présidence de la commission coopération de l’Organisation des pouvoirs locaux unis. Cela permet de dépasser les frontières européennes comme avec cette forte relation avec Sydney pour constituer un des principaux réseaux de cités asiatiques. Nous sommes de plus en plus actifs dans la coopération décentralisée qui permet de participer à la réduction de la fracture Nord-Sud et de nouer des liens avec d’autres pays : nous avons pris part à la création du Fonds de solidarité numérique puis de l’Agence mondiale de solidarité numérique, basée à Lyon, pour soutenir l’alphabétisation numérique en Afrique et bientôt en Amérique du Sud. C’est une véritable diplomatie des villes qui prend forme.

Quelle est votre méthode ?

A la compétitivité globale, nous répondons par une attractivité globale. C’est en jouant sur tous les tableaux qu’on rend la métropole attractive. Les pôles de compétitivité sont une formidable occasion de progression pour Lyon avec un travail partenarial entre l’université, la recherche et l’économie. Je viens de signer un partenariat avec Bill Gates, président de Microsoft, pour le développement des technologies numériques. Cette association public/privé est une de nos spécificités. En mutualisant nos ressources, nous participons, ensemble, à la construction de l’économie de demain. Cela suppose aussi de renouveler, sans cesse, le tissu économique. Ainsi l’installation de Genzyme, 3e société mondiale de biotechnologie, sur la ZAC Tech Sud. Une arrivée exceptionnelle préparée lors d’une convention à Chicago. L’offre en immobilier d’entreprise et en foncier est aussi une nécessité. Diversifiée et qualitative, elle répond à l’ensemble des besoins : pépinières d’entreprises, incubateurs, cinquante ZAC, etc. En 2006, nous avons établi un record avec 847 000 m2 de locaux d’activités, dont 200 000 de tertiaire. La puissance tertiaire de Lyon est une réalité. La Part-Dieu sera renforcée avec la très prochaine tour Oxygène. Et on réfléchit déjà à d’autres tours !

Quel rôle assignez-vous aux grands projets urbains ?

Ils jouent l’effet de levier de la transformation urbaine comme La Confluence. Le déclassement du MIN permettra de développer 660 000 m2 Shon. Peu de villes en France travaillent sur un tel territoire en centre-ville avec une réalisation sur quelques années et non pas sur 40 ans ! Carré de Soie constitue un autre enjeu. Renault Trucks et le Puisoz sont deux zones structurantes en devenir. Décines est desservie par le tramway et avec le projet de grand stade de l’Olympique lyonnais, ce périmètre va changer de nature

Les investisseurs privés ne vous font pas défaut ?

Je répondrai par un chiffre. En 2006, 766 millions d’euros ont été investis à Lyon, dans l’immobilier : 20 % de plus qu’en 2005. Là encore, nous avons des résultats significatifs : attirer Unibail avec un projet de l’ordre de 150 millions pour La Confluence crée un effet boule de neige qui permet d’enclencher une véritable dynamique.

Votre politique est tout le contraire de l’homéopathie !

Sur le mandat, la collectivité a investi 2 milliards d’euros pour assurer le développement des projets nécessaires à Lyon. Mais nous ne sommes pas seuls à agir ! Le lancement de Carré de Soie est lié, à l’origine, à l’association d’un investisseur public avec un investisseur privé. Au premier, le tramway LEA et le prolongement du métro, au second, un projet de multiplexe, aujourd’hui devenu le projet Altarea. A Vénissieux-Saint-Priest, un accord semblable est le préalable à une opération immobilière sur 100 hectares d’un seul tenant remembrés par le grand-père Berliet. Pour lancer la dynamique, il faut concevoir un projet ambitieux, tout le contraire de l’homéopathique ! A La Duchère, un des sites les plus difficiles à reconvertir de l’agglomération, il était inutile d’espérer attirer les promoteurs immobiliers sans leur proposer un projet fort. Aujourd’hui, à dix ils développent plus de 1 000 logements neufs ! D’un petit programme à construire, ils passent à la reconstruction d’un quartier entier.

Sur tous nos grands projets, l’équilibre est d’un tiers d’argent public, deux tiers d’argent privé. Ce qui assure une extraordinaire vitesse de changement que, seul, l’argent public ne pourrait atteindre.

Quel est votre objectif final ?

La construction d’une agglomération attractive, je dirais même attirante, qui soit solidaire, équilibrée, compétitive et, surtout, exemplaire dans les différentes démarches que nous entreprenons : développement durable, qualité architecturale et urbaine, gouvernance. Depuis six ans, maintenant, nous bâtissons à Lyon la ville de demain !

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