A contre-courant du déclin industriel de la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, Jean-Claude Fassler modernise sa métallerie. Facilité par un crédit-bail monté par Alsabail, l’investissement de 1,1 million d’euros – soit presque la moitié du chiffre d’affaires annuel – aboutira, au début 2006, à la mise en service d’une cabine de peinture et d’un hall de stockage de 1 700 m2, équipé d’un pont roulant.
Les tourelles du tunnel. « J’attends un gain de temps de 15 à 20 % », annonce le créateur des Etablissements Jean-Claude Fassler, entreprise qui fêtera ses 30 ans en même temps que ses nouveaux équipements. Spécialiste pointu dans plusieurs disciplines du métal, la PME saisit l’occasion de ce projet pour mettre en œuvre de nombreuses facettes de son savoir-faire : elle gère la totalité de l’enveloppe et réalise en direct les deux tiers de l’investissement, en particulier la charpente, la couverture, la fermeture, les réseaux d’air comprimé et d’eau.
« Cinglé ? » De sa voix forte et rugueuse, Jean-Claude Fassler se décrit comme tel. « Il succédera à nous tous », dit de lui son assistante. Cette force de la nature, admirateur de De Gaulle, Napoléon et Eiffel, se définit surtout par une inoxydable foi dans l’avenir, renouvelée par la montée en puissance de son fils Olivier, qui travaille depuis douze ans à ses côtés. A partir d’une formation initiale d’apprenti forgeron et mécanicien, Jean-Claude Fassler a mis sa passion pour les moutons à cinq pattes au service de ce qu’il appelle « la stratégie du serpent » : se faufiler là où les autres jettent l’éponge, plutôt que de se cogner au mur du moins-disant.
De nombreuses références récentes illustrent le propos : fabrication et pose d’une charpente de 400 t, dans un site industriel occupé, pour les établissements Hartmann, à Liepvre ; abris en tôle blindée pour distributeurs de billets de banque de la Caisse d’épargne des pays lorrains ; fabrication des stands du salon mondial de l’horlogerie, à Bâle… Implanté à côté de l’entrée alsacienne du plus long tunnel routier de France, le métallier ne reste pas inerte devant le chantier de modernisation de cet ouvrage : Jean-Claude Fassler a réalisé les tourelles permettant la dépose des 1 700 voussoirs de 20 t qui supportaient les anciens ventilateurs.
Un tiers d’apprentis. Le plus dur dans ce métier ? « La formation et le recrutement », répond le chef d’entreprise, qui annonce un tiers d’apprentis parmi ses 33 salariés. Corollaire de la polyvalence, l’aléa humain apporte aussi les plus grandes satisfactions : pour accéder aux marchés, l’entrepreneur ne connaît que le bouche à oreille. Pour défendre sa place, il mise sur la fidélité de ses donneurs d’ordres industriels et de ses coéquipiers des bureaux d’études, en particulier le mulhousien Sedime. Et quand il évoque « un jeune de 20 ans qui sait tout faire », un éclair de joie efface toute colère dans le visage du patron.
