Est-ce la légendaire prudence financière des Normands ? Comme le répètent à l'envi les responsables du Crédit local de France, la situation financière des principales collectivités territoriales ne laisse guère de place à l'inquiétude. Au conseil régional, le budget 1998, adopté avant les turbulences du scrutin de mars, démontre une grande stabilité. Au prix d'une gestion rigoureuse dans le fonctionnement et avec une pression fiscale quasiment gelée depuis quatre ans, la Haute-Normandie a su conserver un potentiel d'investissement proche de la moitié de son budget global. Et si l'ancien président, Antoine Rufenacht, soulignait volontiers le poids énorme pour les finances régionales du plan Université 2000 (1,2 milliard depuis sa signature), ce dernier est à l'origine des deux nouvelles facultés rouennaises, livrées cette année pour la médecine et en l'an 2000 pour les sciences du tertiaire.
Du côté des départements, la Seine-Maritime vole incontestablement la vedette à son voisin, avec des progressions spectaculaires dans tous ses domaines de compétences, et notamment un plan collèges de 1,5 milliard sur trois ans, l'un des plus gros efforts au niveau national en la matière. Plus sage, l'Eure n'en présente pas moins des indicateurs tous orientés à la hausse.
La situation des principales villes est également contrastée. Après une forte augmentation de la fiscalité (environ 30 % en deux ans) marquée par une pause dans les investissements, Rouen se lance doucement dans les grands projets avec comme principal objectif une refonte totale des ses quartiers ouest à l'horizon 2010.
Au Havre, la transition politique consécutive aux élections de 1995 a été de plus courte durée et les investissements spectaculaires émergent les uns derrières les autres (Espace Coty, Musée Malraux, Docks Café, etc.) au sud, à l'interface ville-port.
De leur côté, les deux municipalités communistes Dieppe et Evreux, toutes deux durement touchées au plan économique et freinées par des budgets de fonctionnement et sociaux très lourds, présentent également des bulletins de santé financière plutôt satisfaisants ne laissant toutefois que peu de place aux investissements d'envergure.
Le district de l'agglomération rouennaise enfin, très endetté par la construction du métro-bus inauguré en1994 et déjà prolongé jusqu'à Sant-Etienne-du-Rouvray, a décidé une courte pause dans les investissements et une augmentation régulière de la fiscalité (+ 9 % cette année), avant de se lancer dans d'autres grands projets structurants, comme la future ligne est-ouest de transports en commun en site propre (650 millions d'ici 2001) ou le réaménagement du parc des expositions avec construction d'une nouvelle salle de spectacles (135 millions d'ici l'an 2000).
PHOTO : LA FACULTE DE MEDECINE DE ROUEN, conçue par Jean-Pierre Buffi a été livrée cette année.
TABLEAU : Répartition des budgets en Haute-Normandie - Montants exprimés en millions de francs
Evolution en % 1997-1998