Sécurité du transport des eaux usées et des équipements urbains (risque d’affaissement de la chaussée) oblige, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) est tenu d’entretenir ses cinq cents kilomètres d’émissaires, des tuyaux souterrains de deux à cinq mètres de diamètre, qui acheminent les eaux usées vers ses cinq stations d’épuration. L’opération exige chaque fois d’interrompre le circuit et de le dévier au mieux. Jusqu’ici, et au grand dam des élus locaux, les eaux pluviales « perdues » étaient rejetées en Seine.
Désormais, les eaux qui ne pourront être redirigées seront traitées sur place par une ministation d’épuration, installée pour la durée du chantier. C’est une première en France, expérimentée à Sèvres, à l’occasion de la révision de l’émissaire Sèvres-Achères branche Rueil (SAR), un tronçon de 6,5 kilomètres entre Issy-les-Moulineaux et Saint-Cloud.
Démontable… et compacte
Mise au point spécialement par Sol Environment, filiale de Solétanche Bachy, la station démontable est installée pour une durée de cinq mois, à la hauteur du pont de Sèvres. D’une capacité correspondant à 3 000 équivalents-habitants, elle traitera les 1 200 mètres cubes d’effluents sur les 80 000 mètres cubes qui, sinon, auraient échappé à la collecte.
Compacte (20 × 20 mètres), la plate-forme permet de traiter 150 mètres cubes/heure et de retenir 70 % des matières en suspension, 50 % des matières organiques et 50 % du phosphore, pour un coût global de 467 500 euros HT. Solétanche Bachy, qui en garde la propriété, compte la réutiliser pour le traitement d’eaux de forage de tunnelier ou de curage.
Autre innovation expérimentée sur le chantier, un nouveau matériel, conçu par CSM Bessac (autre filiale de Solétanche Bachy), est utilisé pour le curage de l’émissaire en béton et meulières datant des années 1930-1950, de 3,75 m de diamètre. Celui-ci, composé d’une cureuse et d’un marineur (engin de transport de bennes), permet un travail en continu sans avoir à arrêter le curage pour évacuer les boues. L’engin opère entre 10 et 60 mètres sous terre à la cadence d’environ 160 mètres par jour. Au final, environ 1 500 tonnes de sable devraient être retirées de l’ouvrage pour un coût de 1,5 million d’euros HT.
