Engagé depuis 2003 dans une démarche de développement durable avec le WWF, le groupe Caisse d’épargne traduit ces orientations à Dijon dans la construction d’un nouveau siège dans le respect de la démarche haute qualité environnementale. Baptisé Le Belem, du nom du trois-mâts sponsorisé par la banque, l’immeuble de cinq étages dont la livraison est annoncée pour l’automne doit, selon le maître d’ouvrage, contribuer à améliorer les conditions de travail de ses employés et réduire la facture énergétique. « Notre commande portait sur trois points : une construction écologique, une gestion de l’énergie, le confort et la santé, ceci sans préoccupation de prix », précise Alain Maire, président du directoire de la Caisse d’Epargne.
Pour y répondre, l’équipe de maîtrise d’œuvre pilotée par l’architecte dijonnais Christian de Crépy a pris la démarche Haute qualité environnementale (HQE) à contre-pied. « Plutôt que de remplir les cases des 14 cibles, nous nous sommes demandés comment répondre au bien-être des occupants », affirme-t-il.
Philosophie et technique. Les délais de réalisation assez souples du maître d’ouvrage ont donné à la maîtrise d’œuvre désignée en avril 2002 toute la latitude d’approfondir le travail de conception. « En partant d’une démarche plus philosophique que technique, on trouve des solutions qui relèvent du bon sens », poursuit l’architecte. « Et finalement, l’acte de construire redevient naturel ; on le fait pour l’homme et non pour mettre en œuvre des techniques. »
La lumière est le fil conducteur du projet. Elle est omniprésente : salle du conseil d’administration, au 5e étage, entièrement habillée de baies vitrées ; fenêtres rapprochées aux quatre autres niveaux ; vaste atrium vitré de la hauteur de quatre étages en guise de hall d’accueil. La maîtrise d’œuvre a mis à profit ce parti pris architectural pour en faire la base du système de chauffage et de régulation de la température intérieure. Pas moins de 6 km de gaines parcourent façades et planchers. Par l’intermédiaire d’une pompe, elles véhiculent les calories des façades ensoleillées vers les façades opposées. Elles sont expulsées par des prises d’air dans chaque bureau et dans les communs. Des brise-soleil en mailles d’inox accrochés sur le pourtour de la façade réduisent de 50 % l’impact de la chaleur sur les vitrages.
Eclairage artificiel teinté. Les fenêtres, installées à 80 cm de hauteur, permettent aux employés d’avoir une vue sur l’extérieur tout en restant assis, et surtout de profiter au maximum de la lumière naturelle. Les postes de travail profitent ainsi plus longtemps de l’éclairage naturel. Afin de renforcer le confort des occupants, l’éclairage artificiel provient du même endroit. Installée au-dessus de chaque fenêtre, la source reste la même de jour comme à la tombée de la nuit. Cette astuce qui a entraîné la fabrication de luminaires sur mesure, présente en outre l’avantage de laisser vierge le plafond. Un variateur posé dans chaque bureau adapte la luminosité à la sensibilité de l’occupant.
La maîtrise d’œuvre s’est également servie de la lumière pour atténuer les impressions de chaleur et de froid. L’atrium que les couloirs d’accès aux bureaux surplombent sur le principe d’une avancée en encorbellement, bénéficie d’un éclairage de teintes différentes selon la saison. Jaune l’hiver, il simule les rayons du soleil. Bleu l’été, il atténue la sensation de chaleur. « Psychologiquement, on obtient une différence de 2 degrés par rapport à la température réelle », assure François Lioud, ingénieur électricité. Des filtres de couleur orangée dans les espaces de circulations donnent par ailleurs une perception de confort.
Si la maîtrise d’œuvre, architecte et bureaux d’études, dit avoir remis en question sa façon de construire, les entreprises reconnaissent, elles aussi, avoir fait un travail qui sort de l’ordinaire, avec davantage de réflexion en amont. Pour Calapys (électricité), les luminaires sur mesure se sont imposés pour répondre au cahier des charges. L’entreprise Pacotte et Mignotte, spécialisée dans les menuiseries PVC, a renoué avec le bois, son ancien métier, en recherchant une essence – le mélèze brut – ne nécessitant pas d’entretien. Cepima (chauffage-ventilation) n’a pas non plus l’habitude de poser des variateurs individuels de réglage de la lumière et du chauffage. Si la maîtrise d’ouvrage estime à 6-7 % le surcoût du projet par rapport à son budget initial, la maîtrise d’œuvre lui promet un coût de fonctionnement moitié moins élevé que celui d’un immeuble de bureaux classique.






