« Dans les logements collectifs, la salle de bains est petite, sombre et pas très hygiénique », c’est le constat établi par Monique Eleb, sociologue, chercheur du Laboratoire ACS et professeur à l’ENS d'Architecture Paris-Malaquais, à l’occasion d’une conférence sur le salon Idéobain "La place de la salle de bains dans les logements aujourd’hui". En cause principalement : les effets de la loi du 11 février 2005 sur l'accessibilité. La France possède les logements les plus petits d’Europe avec des superficies de salles de bains de 3,5 à 5 m² (entre 8 et 12 m² dans la maison individuelle).
« Les architectes se plaignent des normes accessibilité très contraignantes qui se révèlent un désastre si la surface des logements n’est pas augmentée. En respectant à la lettre la réglementation, les séjours deviennent des restes. On aboutit à une architecture réglementaire qui ne correspond à aucun mode de vie. Il est plus que jamais nécessaire de revoir la législation dans ce domaine. » D’autant que cette réglementation en faveur des personnes à mobiltié réduite va dans le sens contraire de ce que désirent les Français : deux petites salles de bains plutôt qu’une grande. Avec ces contraintes imposées, la place de la baignoire est remise en question avec l’émergence des douches de plain-pied plus faciles d’accès pour une personne à mobilité réduite. « Toutefois, je ne pense pas que la douche va détrôner la baignoire, car elle représente un marqueur social important même si on s’en sert peu », précise Monique Eleb.
« Il faut remettre une fenêtre dans la salle de bains »
Autre constat : en plus d’être petite, la salle de bains dans le collectif est non éclairée et mal ventilée. « Non utilisée ou mal nettoyée, la VMC ne permet pas une aération optimale. La salle de bains n’est pas saine. Il va falloir remettre une fenêtre dans la salle de bain ! », alerte Monique Eleb. Pas étonnant, selon une étude de 2009 de l’IPEA (Institut de prospective et d’étude de l’ameublement) que la salle de bains soit la moins aimée des pièces de la maison (1,3 % la préfèrent). « A l’heure où les soins du corps augmentent, les maîtres d’ouvrage dans le collectif ont peu pris en compte cette réalité », note Monique Eleb. Au final, la salle de bains se révèle être la pièce qui décourage le plus la majorité de la population française en termes d’équipements puisque c’est celle à laquelle on consacre le plus petit budget de la maison : 3,5 %. Alors que les Français s’imaginent dans une salle de bains spacieuse et lumineuse avec une baignoire à bulles et un espace pour lire ou se détendre, c’est loin d’être le cas dans les logements : « il y a une salle de bains rêvée et réelle », conclut Monique Eleb.