Situé au sud de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), à la confluence de la Seine et de la rivière l'Yerres, le quartier Belleplace-Blandin est exposé à des inondations récurrentes. Depuis 2000, six crues majeures ont touché cette zone d'habitat pavillonnaire, dont deux sévèrement, en juin 2016 et surtout en janvier 2018. Deux personnes ont trouvé la mort lors de cet épisode, sans compter les importants dégâts matériels occasionnés.
A la suite du déplacement du président de la République dans le quartier en février 2018, la mobilisation des pouvoirs publics accélère. De premières initiatives avaient déjà été prises dès 2011. La commune et le département du Val-de-Marne avaient alors engagé une opération de renaturation des berges de l'Yerres, sur un linéaire compris entre le cours d'eau et le chemin des Pêcheurs, dans un double objectif de valorisation écologique et paysagère et de préservation des populations du risque inondation. Au printemps 2018, la décision est prise d'élargir le dispositif aux secteurs impactés par les dernières crues, situés en zones rouge et orange du plan de prévention du risque inondation (PPRI).
Les collectivités locales concernées et l'Etat demandent aussi à l'établissement public d'aménagement Orly-Rungis Seine Amont (EPA Orsa), fédéré avec Grand Paris Aménagement, de piloter le projet. « De mi-2018 à mi-2019, nous avons travaillé sur les modalités de financement et le périmètre. Nous l'avons établi en croisant le PPRI avec les hauteurs d'eau, mais aussi avec la capacité d'évacuation des habitants », décrit Fanny De La Croix, directrice du projet à l'EPA Orsa. A l'intérieur de la zone d'intervention de 10,6 ha, tout le bâti sera déconstruit pour laisser la place à la rivière. « Avant son urbanisation à partir des années 1920, le site était un champ d'expansion des crues et il va le redevenir. Le reste du quartier reste inondable, mais les aménagements prévus réduiront la vitesse d'écoulement des eaux et amélioreront la résilience du territoire », poursuit-elle.
Deux phases. La première phase (7 ha) fait l'objet d'une convention partenariale signée en novembre 2019 pour dix ans. Elle représente un investissement de 43,4 M€ TTC, dont 50 % apportés par l'agence de l'eau Seine-Normandie (AESN) au titre de la restauration de la zone humide (1). Sa mise en œuvre mobilise deux maîtres d'ouvrage : l'EPA et le Syndicat mixte pour l'assainissement et la gestion des eaux du bassin versant de l'Yerres (Syage) [lire ci-dessous]. La seconde phase (3,6 ha), estimée à environ 40 M€, n'est pour l'instant pas financée.
A ce stade, 93 parcelles ont déjà été acquises sur les 227 à maîtriser, dont 138 bâties. « Le quartier se signale par une problématique assez forte d'habitat dégradé, surtout le secteur correspondant à la phase 2, caractérisé par des constructions précaires et la présence de marchands de sommeil. Autre particularité : près de 25 % des terrains accueillent des gens du voyage », détaille Fanny De La Croix. En juillet, l'EPA a déposé le dossier de déclaration d'utilité publique (DUP). Son obtention, attendue au printemps prochain, vaudra mise en compatibilité du PLU.
10,6 ha : périmètre du projet.
227 parcelles à acquérir, dont 138 bâties.
43,4 M€ TTC : coût de la 1re phase, dont la moitié pour les acquisitions foncières.
108 500 t de matériaux de déconstruction (estimation).
59 000 m3 de terre à excaver (estimation).
Ouvrir certains espaces au public. De son côté, le Syage lancera prochainement une consultation de maîtrise d'œuvre pour l'aménagement de ces 10,6 ha, sur la base du plan-guide élaboré par l'équipe emmenée par l'agence de paysage et d'urbanisme Champ Libre. « Avec le bureau d'études environnemental Trans-Faire, nous avons identifié les espèces animales et végétales présentes, à maintenir, et celles à accueillir dans la future zone humide à créer. Ce travail nous a permis de rédiger un cahier des charges écologique qui servira à composer un paysage adapté à toutes ces espèces », détaille Bruno Garnerone, directeur de Champ Libre.
Son autre apport a été de montrer qu'il était possible d'ouvrir certains espaces au public alors que l'AESN et le Syage défendaient l'idée d'une zone « la plus sanctuarisée possible ». Le compromis trouvé prévoit que « 60 % du site répondront à cette exigence, le reste ayant une vocation de parc urbain », précise Fanny De La Croix. « Villeneuve-Saint-Georges est une ville pauvre, qui, en plus des inondations, subit le bruit des avions et de la RN 6. Il me semblait important que ses habitants puissent profiter au moins en partie de ces 10,6 ha de nature aménagés à seulement 600 m du centre-ville », souligne le maire (DVD), Philippe Gaudin. Les Villeneuvois devront cependant s'armer d'un peu de patience. Les premiers travaux d'aménagement ne démarreront pas avant 2025.

