Au moment où la densité apparaît plus que nécessaire et où l’étalement urbain semble désormais hors de propos, la surélévation des immeubles pourrait apporter une réponse pertinente, en augmentant pour une même surface au sol, le nombre d’habitants d’un bâtiment. On remarque d’ailleurs que le procédé d’empilement se répand hors du domaine des immeubles de logements, pour gagner les équipements ; tel le projet de la philharmonie de Hambourg imaginé par Herzog et de Meuron sur un hangar portuaire ou encore le Channel à Calais dont la halle existante est chapeautée d’un volume supplémentaire par Patrick Bouchain et Loïc Julienne, ou encore le projet de Rem Koolhaas pour le Whitney museum à New York.
Néanmoins, les quelques exemples présentés ici, qui concernent plutôt des maisons individuelles révèlent diverses manières d’envisager l’extension par addition et de la mettre en œuvre avec plus ou moins d’audace.
Parasite ou osmose ?
S’agit-il de se fondre dans le contexte, de n’en retenir que les matériaux comme c’est le cas pour la maison Krammer à Waldhofen ou encore la surélévation parisienne de Hardel et Le Bihan, ou bien de profiter au maximum du paysage et d’en capter les vues comme la maison Spirale d’In Situ à Malakoff, la topographie en toiture réalisée par le studio Plasma ou même le village miniature sur un toit de Rotterdam imaginé par MVRDV.
Parfois, au lieu de se faire discrète, l’extension s’affiche, se manifeste en contrepoint de l’existant, par l’emploi d’un matériau exogène comme le pavé de verre pour la maison jumelée belge de BOB 361, par la mise en couleur tel le revêtement de polyuréthane bleu vif qui nappe la construction de MVRDV, et les balcons loggias orangés installés par Innocad sur un bâtiment autrichien, de style Biedermeier, ou par la volumétrie accidentée de Plasma qui colonise la toiture d’un chalet italien banal.
Techniquement, les constructions varient évidemment en fonction des données existantes ; des renforts en sous-œuvre sont parfois nécessaires, mais dans plusieurs cas, des solutions légères en structure bois se révèlent très judicieuses. Outre leur faible poids, elles permettent des chantiers secs, plus rapidement exécutés puisque préfabriqués hors site et surtout moins pénalisants pour les habitants et réduisant les nuisances pour l’environnement.
Un peu à part, le projet portugais de Rui Mendes qui occupe une parcelle en longueur avec des volumes autonomes en enfilade, gérés par un mur périphérique intégrant les fluides, apporte une réponse originale inspirée du mode d’habitat traditionnel qui alterne les pleins et les vides.
Si toutes ces solutions diffèrent dans leurs volumétries, leurs formes, leurs matériaux, elles déterminent néanmoins des espaces fluides, généreux, souvent singuliers qui offrent de nouveaux usages moins contraints par les cloisonnements. Les plans plus libres, les aménagements plus souples sont adaptables à différentes fonctions. Ainsi le rôle de l’augmentation de la surface habitable, et la seconde vie accordée à une construction, l’évolutivité possible des usages par la flexibilité des aménagements est une autre forme de réponse à un objectif de durabilité qui s’impose aujourd’hui.
