Le groupe de BTP autrichien Strabag émet des doutes sur les capacités de la ville russe Sotchi à être prête à temps pour les olympiades hivernales de 2014.
"Sotchi est bien située géographiquement pour le tourisme, mais très mal pour le BTP". Conséquence pour les travaux d'aménagement de la ville hôte des J.O d'hiver de 2014 : "Nous doutons qu'ils y arrivent". Ce constat sans appel sur la situation de la station russe de la mer Noire, est signé Hans Peter Haselsteiner, p-dg de l'entreprise de BTP autrichienne Strabag sélectionnée pour agrandir un terminal de l'aéroport de la ville. Aux yeux du patron du premier groupe de BTP autrichien, la station de la Mer noire ne dispose pas des infrastructures pour un bon déroulement des colossaux chantiers prévus pour au moins dix milliards de dollars. Selon lui, Sotchi manque notamment de routes, de voies de chemin de fer, de matières premières et d'électricité, ainsi que de main d'oeuvre et de logements pour les ouvriers. "Le gigantesque volume (de matériaux) qui doit être livré là-bas ne peut l'être sans un port en eaux profondes. Voilà un goulet d'étranglement", a souligné M. Haselsteiner, qui a par ailleurs relevé que la station "ne permet pas de loger et de nourrir les 100 000 ouvriers nécessaires". Une position sans complaisance de la part du dirigeant d'une entreprise détenue à 30% par le milliardaire russe Oleg Deripaska, qui possède également l'aéroport de Sotchi. Strabag a été désignée pour en rénover et agrandir un terminal pour 62 millions d'euros mais compte surtout réaliser un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros en Russie d'ici à 2012 grâce au soutien de M. Deripaska. Ces déclarations font écho au diagnostique effectué par Jean-Claude Killy, délégué du Comité international olympique, lors d'un visite sur place le mois dernier. Pour lui, Sotchi - préféré à Salzbourg et Pyeongchang en Corée du Sud - représentait "le plus grand défi jamais vu en termes de ce qui reste à construire". Un défi apparemment impossible pour Strabag.
Adrien Pouthier
