Vous êtes présidente de l’Alliance HQE GBC depuis le début du mois de mars 2021. Quelle est votre feuille de route ?
L’Alliance HQE-GBC regroupe 350 membres environ, qui représentent bien le secteur de la construction, du bâtiment et de l’aménagement. Bien que la fédération des entreprises publiques locales en fasse partie, je souhaite faire en sorte que l’Alliance HQE GBC se rapproche encore plus fortement des territoires. Nous sommes donc en train de réviser nos statuts, afin d’ouvrir d’ici 2022, deux sièges à des représentants des collectivités locales et de nourrir le dialogue avec les territoires. Car nous souhaitons nous adresser aux acteurs publics représentants d’échelles différentes, de la ville monde au village rural.
Pour y parvenir, nous devons avoir un discours plus accessible, sans transiger sur la rigueur technique. En complément, nous souhaitons mettre sur pied un conseil scientifique réunissant des experts qui ne sont pas issus du monde du Bâtiment. Je pense par exemple, à des médecins, des sociologues, des géographes, des climatologues, des historiens… pour renforcer le côté prospectif de nos réflexions.
Enfin, j’aimerais mettre sur pied un réseau des écoles du Bâtiment engagées dans le développement durable sous la bannière HQE-GBC. Cette idée n’est encore qu’une ambition, mais j’imagine déjà un socle de critères communs. Intégrer ce réseau permettrait de valoriser les métiers, qui sont un maillon d’une longue chaîne, et d’aider à développer l’attractivité du secteur auprès des jeunes.
Quels services pouvez-vous proposer aux collectivités locales ?
L’Alliance HQE-GBC est un juge de paix scientifique, qui vise à éclairer en toute objectivité les parties prenantes. Avec l’émergence du zéro artificialisation nette (ZAN), il s’agit de repenser la manière dont on aménage le territoire. Une problématique, qui à mon sens, dépasse les enjeux de métropolisation. Nous proposons de mettre en place les dispositifs de concertation et d’expérimentation pour répondre aux questions actuelles. Nous pouvons donc lancer une expérimentation très concrète, à l’exemple de celle menée sur les quartiers durables, qui pourrait porter cette fois-ci sur le village durable.
Par ailleurs, dans le cadre de la mise en place de la Réglementation environnementale 2020, il y a urgence à trouver les bons équilibres. Je note une attente forte des collectivités locales de trouver une logique de circularité et de territorialisation de la production des matériaux et des bâtiments. Nous pouvons lancer des expérimentations en ce sens.
Justement, quelles sont les principales expérimentations déployées en matière de performance des bâtiments ?
Nos expérimentations sont très souvent basées sur le cadre de référence HQE qui cherche l’équilibre nécessaire entre respect de l’environnement, qualité de vie, performance économique et management responsable et sur l’Analyse de Cycle de Vie. A titre d’exemple, nous pilotons actuellement le programme Net Zéro Carbone (NZC) Rénovation, réalisé en partenariat avec AIA Environnement, le World GBC et le soutien financier de la fondation Redevco, avec l’objectif d’éclairer les prises de décisions pour rénover. Ces travaux s’inscrivent dans la suite de l’expérimentation que nous avions réalisée sur le bâtiment rénové et qui nous a permis de proposer une méthode d'Analyse de cycle de vie (ACV) pour la rénovation. Les résultats sont attendus pour la rentrée 2021.
Nous pilotons depuis octobre 2019 l’expérimentation Level(s), visant à généraliser les bonnes pratiques en matière de réduction de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit de faire en sorte que les acteurs de la commande publique prennent en considération les indicateurs Level(s) – l’ACV, la qualité de l’air intérieur (QAI) et la maîtrise des coûts (ACCV) – dans ses appels d’offres. Les premiers résultats sont attendus pour octobre 2022. Enfin, nous dévoilerons en septembre prochain les résultats sur le projet de recherche et développement Quartier Energie Carbone, qui vise à généraliser les bonnes pratiques de réduction de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre.
Nous menons également régulièrement des travaux sur la qualité de l’air intérieur (QAI). En mai dernier, nous avons publié une note sur la mesure de la QAI à l’aide de capteurs et nous réfléchissons à tester la prédiction de la QAI.
Dans le cadre de la préfiguration du label RE 2020 par le Plan Bâtiment Durable, vous avez proposé de créer un « Groupement d’intérêt écologique ». Quel est son objectif ?
Ce groupement d’intérêt écologique réunit, pour l’instant, trois associations professionnelles (Effinergie, Alliance HQE-GBC et Collectif des quartiers et bâtiments durables), qui souhaitent se rapprocher, sans dissoudre leurs spécificités. L’objectif étant de construire un socle commun permettant d’accompagner les acteurs du Bâtiment vers la prochaine marche réglementaire. Au-delà de 2030 donc. En prenant en compte les enjeux de biodiversité, d’économies circulaires… Des premières pistes pourraient être communiquées tout prochainement.