"Rien dans l'univers ne peut résister à l'ardeur convergente d'un nombre suffisamment grand d'intelligences groupées et organisées". Cette phrase de Pierre Teilhard de Chardin, son auteur favori, semble avoir guidé la vie professionnelle de Bertrand Collomb qui cède les clés de la maison Lafarge à Bruno Lafont.
Ce grand patron français, qui ne l’est pas simplement par le chiffre d’affaires ou la valorisation de son groupe, a durant 18 ans de présidence été le garant de l’héritage humaniste que lui avait transmis son prédécesseur, Olivier Lecerf. Ainsi, rechercher l’excellence cachée aux tréfonds de chacun, la faire émerger, la canaliser et l’optimiser pour en faire profiter l’entreprise et plus largement la collectivité fut l’une des principales missions que s’était assigné un homme qui sût lui-même s’entourer de ces intelligences dont parle le philosophe. De ce fait, peu de choses ont résisté à une telle concentration, ni les verrous internes, ni les cibles externes. En un peu moins de 20 ans, Lafarge s’est hissé tout en haut de la hiérarchie mondiale de son secteur avec un seul fil rouge, le respect de l’autre.
Fidèle à ce qu’il est profondément, Bertrand Collomb ne part pas comme certains : il quitte le groupe avec 4 mois de salaires et une retraite plafonnée à 54% de ses émoluments mensuels. En cela, il est l’un des derniers à ce niveau à savoir que la grandeur d’un homme est avant tout spirituelle.
Thierry Devige-Stewart est le chef de la rubrique Industrie – Négoce – Environnement du Moniteur