Rendue piétonne en 2011, la rue des Godrans préfigure l’aménagement sobre des 130 hectares du secteur sauvegardé à Dijon. « Le choix a été de ne pas surinvestir dans les matériaux », expose Thierry Ciccione, architecte à l’agence marseillaise Stoa, qui fait équipe avec Roland Ribi & Associés. Un béton désactivé beige, en granulat de pierre calcaire, nivelle la chaussée à la hauteur des trottoirs pour constituer un plateau homogène. Un cahier des charges des matériaux autorisant des variantes, selon le style architectural du bâti, assure la cohérence d’un projet étalé sur dix ans, au rythme de 3 millions d’euros par an.
Renaissance de l’axe gallo-romain
En triplant sa surface, la zone piétonnière redonne à l’ancien axe gallo-romain sa fonction originelle. De la gare à la place du Théâtre, en passant par la place Darcy et la place de la Libération, un cheminement invite à la marche à pied. Principale artère commerçante où les 800 bus quotidiens cesseront de circuler dès la mise en service de la ligne 1 du tramway, la rue de la Liberté opère sa mue à partir de septembre.
Ponctuées par une œuvre d’art ou un arbre, trois séquences rythment la déambulation en s’adaptant au gabarit irrégulier de la rue : large de 18 mètres au niveau des grands magasins, elle rétrécit de moitié à l’approche de la place de la Libération. Des larges dalles en calcaire, au pied des façades et dans les caniveaux, contrastent avec le plateau en béton coulé sur place.
Aux abords du plateau piétonnier qui s’étendra à terme à toutes les rues adjacentes, des zones 30 et des zones de rencontres à 20 km/h sont délimitées de façon à éviter la circulation de transit. Des bordures en pierre, des alignements d’arbres et un enrobé bitumineux distinguent les zones 30 des zones de rencontres, aménagées en béton désactivé gris.
Piétons et autos : les proportions inversées
Libérées du stationnement automobile, une demi-douzaine de petites places élargissent l’espace public à 20 % de la surface du secteur sauvegardé. Porte d’entrée du centre-ville pour l’une, zone d’échanges du tramway et des bus pour l’autre, les places Darcy et de la République bénéficient d’un traitement à la pierre de Comblanchien.
Avec la place Darcy, la place du Théâtre subit la plus grande métamorphose. Les proportions des espaces piétons et véhicules sont inversées. La création d’un parvis devant le théâtre réduit la voie de circulation à sept mètres de large.