« La crise du logement nous oblige à réduire la masse salariale », Sylvain Massonneau (Pôle Habitat FFB)

Fragilisés par la chute des ventes, les constructeurs de maisons sont contraints de licencier, alerte Sylvain Massonneau, vice-président du Pôle Habitat de la FFB, chargé du métier de constructeur de maisons. 

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Sylvain Massonneau, porte-parole des constructeurs de maisons, à la convention nationale 2023 du Pôle Habitat FFB.
Sylvain Massonneau, porte-parole des constructeurs de maisons, à la convention nationale 2023 du Pôle Habitat FFB.

La hausse des taux d’intérêt depuis début 2022 réduit le pouvoir d’achat des ménages. Résultat, les ventes de maisons ont chuté de près de 40% en un an. Quelles conséquences pour l’emploi ?

Nos sous-traitants sont les premiers impactés. Il y a déjà des défaillances, notamment sur le gros œuvre. Des entreprises disparaissent et leurs collaborateurs se retrouvent sans emploi. Dans mon entreprise TradiMaisons (à Clermont-Ferrand, NDLR), nous avons commencé à alléger l’effectif, à hauteur de 20% de la masse salariale. Ne pas remplacer les départs ne suffira pas. Une personne a déjà été incitée à partir. En 2024, il faudra de nouveau réduire la masse salariale de 20%, avec des départs contrains.

Et à l’échelle nationale, y a-t-il une vague de plans sociaux ?

C’est la même tendance. Tous les dirigeants ont le pied sur le frein en se disant « si jamais il y a un plan de relance, il faut que je conserve les compétences et que je sois capable de réagir pour satisfaire les Français dans leur besoin de logement ». Les métiers les plus exposés concernent pour l’instant la matière grise : bureaux d’études, dessinateurs, et tous ceux qui travaillent en amont sur les projets ainsi que l’outil de commercialisation. Pour les assistantes de direction et les services marketing et communication, c’est très compliqué. Dans quelques mois, des opérationnels, notamment des conducteurs de travaux, seront aussi touchés, car nous n’aurons plus de chantiers à ouvrir.

Comment préparez-vous le rebond ?

La stratégie de mon entreprise consiste à retarder au maximum l’échéance de la perte de compétences. D’où la nécessité de continuer à obtenir des permis d’aménager, des permis de construire. L’idée est d’avoir à disposition des produits qui seront immédiatement disponibles, des terrains à acheter tout de suite, sur lesquels nous pourrons construire des maisons ou des logements collectifs.

Un projet de loi issu du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement est en préparation. Qu’en attendez-vous ?

Il n’y a strictement rien dans le compte-rendu du CNR Logement (de juin dernier, NDLR). Pire, pour la maison, c’est la punition. Donc personnellement, je n’en attends rien. S’il n’y a pas un changement radical de stratégie de la part du gouvernement, ce sera la catastrophe pour les territoires oubliés du PTZ, du Pinel et de toutes les aides, soit 93% du pays. A l’horizon, nous ne voyons que des gros pépins économiques et sociaux.

Nous sommes vraiment inquiets et en même temps optimistes. Jouons la carte de l’avenir, de la diversification vers d’autres métiers. Mais attention, nous appelons à la prudence, car un constructeur qui mise sur la rénovation pourrait s’épuiser, alors qu’il traverse une violente crise sur son métier historique. La diversification, il faut y aller, accélérer, que si elle a été entreprise avant la tempête. Pour les autres, il faut absolument attendre le rebond car ce virage demande des financements en matière de formation, de nouvelles compétences et, parfois, pour réparer les petits ratés.

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