Laurent De Sutter, président de l’Union des industries des panneaux de process« Des usines ferment dans plusieurs pays européens »
« Notre problématique actuelle d’approvisionnement en bois vient de l’objectif des 20 % d’énergie renouvelable pour 2020 fixé par l’Union européenne et repris par le Grenelle à hauteur de 23 % : il accroît considérablement la demande en bois-énergie. L’Allemagne, en avance par rapport à nous sur ces questions-là, et dont l’objectif est moindre que le nôtre (20 % d’ENR) ferme certaines de ses usines les plus modernes. La Suède, pays d’Ikea, vient d’arrêter deux usines sur trois ! Certaines de nos entreprises sont obligées d’aller chercher du bois loin de leur lieu d’implantation, ce qui n’est bien sûr pas neutre en termes de coûts financier et écologique. Et dans un proche avenir, nous serons contraints d’acheter des sections de bois plus importantes, au risque de concurrencer les scieries, nos propres fournisseurs ! C’est toute la filière bois qui est aujourd’hui en danger. C’est pourquoi nous demandons à ce que les subventions actuelles accordées à la filière énergie soient remises à plat. L’électricité fabriquée à partir de biomasse est plus fortement subventionnée en France que chez nos voisins européens ! Nous devons, au minimum, avoir les mêmes règles du jeu qu’eux. Nous pourrions également nous inspirer de la solution belge, qui nous semble excellente : elle conditionne l’octroi de ces subventions à l’utilisation préalable du bois comme matériau. »
Cyril Le Picard, président de France biomasse énergie (syndicat des énergies renouvelables)« La consommation de bois-énergie est stable depuis 20 ans »
« Le bois-énergie ne met pas en péril l’industrie du bois. Les chiffres sont sans équivoque : la consommation de bois pour produire de l’énergie est restée stable en France sur les deux dernières décennies. En outre, nous n’utilisons pas les mêmes matières : le développement du bois-énergie s’appuie essentiellement sur les menus bois et n'impacte donc pas le bois de trituration traditionnellement utilisé par l’industrie. Nous ne leur faisons donc pas concurrence. Il me semble que si les prix montent un peu, cela est dû au fait que la demande est plus forte, ce qui se répercute inévitablement sur le prix moyen de la tonne vendue aux panneautiers. C’est en amont de la filière qu’il nous faut agir, car la réserve de bois existe. Mais il est impératif de faire évoluer les mentalités : aujourd’hui, les propriétaires forestiers se soucient en premier lieu de la préservation de leur patrimoine. Or, ils doivent devenir des producteurs à part entière, comprendre qu’une politique de coupe n’est pas dévastatrice ! Il leur faut gérer intelligemment le bois, c’est-à-dire à la fois le couper et le planter. La loi de modernisation agricole de juillet dernier va dans ce sens-là : elle a amené les associations de forestiers à créer des structures régionales qui vont voir les zones non exploitées pour tirer une exploitation supplémentaire. »

