«L’immeuble d’origine était tellement vétuste qu’il aurait été dangereux de le visiter », se souvient Laurent Mouly, architecte et ingénieur du bureau d’études LM Ingénieur qui est intervenu sur les aspects structurel et thermique de la construction de l’immeuble de logements sociaux de la rue Myrha dans le XVIIIarrondissement de Paris. L’immeuble existant a donc été démoli afin de réaliser un bâtiment neuf, conforme aux exigences du bailleur social RIVP, maître d’ouvrage du projet.
L’organisme souhaitait à la fois que le bâtiment soit sobre en énergie pour respecter le Plan climat de la Ville et que le chantier dérange le moins possible les riverains. Autre contrainte de taille pour la maîtrise d’œuvre : il fallait tenir compte de l’étroitesse de la rue (8 mètres) et des dimensions restreintes de la parcelle (10,45 m x 17,85 m). « Le processus de construction a donc été pensé en même temps que le projet lui-même », indique Richard Thomas, architecte de l’agence North by Northwest, maître d’œuvre.
Clos-couvert en neuf mois
L’idée d’une charpente métallique préfabriquée en atelier s’est donc imposée. « Les portiques soudés en usine ont été assemblés sur site en trois semaines », poursuit l’architecte. La charpente a ensuite servi de support à l’ossature bois, elle-même remplie de béton de chanvre.
La légèreté du béton de chanvre (330 kg/m contre 2 300 kg/m pour un béton classique) a permis de s’affranchir de fondations profondes. Le bâtiment est fondé à 3 mètres de profondeur avec une dalle béton de 50 centimètres d’épaisseur. Par comparaison, les fondations des immeubles voisins descendent jusqu’à 60 mètres, du fait des cavités et carrières souterraines. Autre avantage de cette légèreté, aucune grue à tour n’a été nécessaire. Ces choix constructifs ont permis un gain de temps sur le chantier. Ainsi, pour ce R + 4 avec attique de 400 m² Shon, dont 50 m² de locaux d’activité au rez-de-chaussée, la livraison est prévue en mars 2014, alors que le chantier a débuté en octobre 2012.
Grâce au système de projection à air comprimé, le béton de chanvre a été acheminé à pied d’œuvre jusqu’au dernier niveau alors que la machine restait dans la zone chantier du rez-de-chaussée. « Neuf mois ont été nécessaires pour réaliser le clos-couvert mais, avec plus de pratique, sept mois suffiront », estime Philippe Casanova, directeur d’exploitation de l’entreprise Tempere Construction. Pour Laurent Mouly, « cette troisième génération de machine permet au béton de chanvre de prendre une dimension industrielle ».



