La machine s’emballe

Est-ce une révolution ? Les trois dernières années ont vu davantage de bouleversements en thermique et gestion de l’énergie que les trente précédentes. Les installateurs doivent s’adapter et maîtriser les énergies.

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Stimulées par un prix du baril qui flirte avec les 70 dollars depuis mi-avril dernier et face à un avenir énergétique incertain, les énergies renouvelables séduisent tout le monde. Un engouement largement soutenu par un environnement législatif et réglementaire particulièrement favorable. En premier lieu, des crédits d’impôt attractifs lors de l’acquisition par un particulier d’un équipement utilisant une source d’énergie renouvelable. A celà s’ajoute le soutien de presque toutes les Régions, sous forme de subventions destinées aux installations solaires. Ensuite, la loi POPE (loi de Programme fixant les orientations de la politique énergétique), publiée le 13 juillet 2005 et dont les objectifs très ambitieux visent à augmenter de 50 % d’ici 2010 la part de la chaleur renouvelable dans la consommation. Le « Plan Face Sud », prévoit, lui, un million de mètres carrés de panneaux solaires thermiques et 50 000 toits solaires installés par an en 2010. Et enfin, la RT 2005 qui encourage le recours aux énergies renouvelables en les indiquant comme références.

Le solaire : prometteur, mais des efforts à fournir

Sur le plan de ses installations solaires, le marché français a enregistré en 2005 une progression de 134 %, la plus forte de tous les pays européens, avec 121 000 m2 de capteurs installés contre 55 000 en 2004. Une croissance qui s’explique par le faible niveau du parc installé : 274 000 m2 de en France contre 5,6 millions en Allemagne, 2,8 millions en Grèce et 2 millions en Autriche. En volume, la progression du marché français n’arrive ainsi qu’au 4e rang européen derrière l’Allemagne, championne toutes catégories (950 000 m2 installés en 2005), l’Autriche (233 000) et la Grèce (220 000). Du côté des installateurs, on enregistrait début 2005, 6 449 entreprises appartenant au réseau Qualisol et 9 000 installateurs formés à ces techniques.

Les chauffe-eau solaires individuels (CESI) sont les produits les plus vendus en France avec 16 500 pièces en 2005 ( 72%) contre 2 100 pour les systèmes solaires combinés (SSC) ; ces derniers ont, malgré tout, enregistré une croissance de 200 %. Plus de 12 marques de SSC et 30 marques de CESI sont ainsi désormais proposées aux Français, dont les deux constructeurs français Giordano et Clipsol, depuis longtemps actifs dans ce domaine. Tous les grands chaudiéristes proposent d’ailleurs aujourd’hui des kits solaires. « Nous profitons de l’étendue de nos gammes, sachant qu’un panneau solaire induit le remplacement d’une chaudière et le solaire se mariant en outre très bien à la condensation », constate Vincent Linchet, directeur marketing et commercial de Baxi France. « Mais ceci conduit également à un marché de la chaudière murale dépressif… »

Du côté du solaire photovoltaïque (PV), Michèle Pappalardo, présidente de l’Ademe, estime que les « perspectives sont enthousiasmantes », d’autant que cette filière contribue à l’émergence de bâtiments neufs à énergie positive, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’objectif de division par quatre des émissions de CO2 à l’horizon 2050. En outre, le gouvernement a décidé de multiplier par deux les tarifs de rachat de l’électricité par EDF (0,30  € /kWh, voire un projet de majoration à 0,55  € /kWh sur les capteurs intégrés en toiture), afin de « faire décoller le photovoltaïque en France », selon les propres mots de Dominique de Villepin, premier Ministre. Mais avec 6 MW seulement installés en 2005, la France accuse en photovoltaïque un écart considérable avec l’Allemagne (600 MW). On estime que ce nouveau tarif devrait permettre de porter le marché à quelque 50 MW en 2010.

L’éolien en retard, bois et PAC en grande forme

En éolien, la France a enregistré une croissance de 90 %. Ce qui ne permet pas de se réjouir. « Il y a à l’heure actuelle 760 MW éoliens installés en France contre 18 000 en Allemagne, souligne André Joffre, PDG de Tecsol et président d’Enerplan. A la mi-juin 2006, 1 000 MW de plus ont été installés, avec une croissance forte tous les mois et une prévision fin 2007 de 3 000 MW installés en France, soit 75 à 80 % des 36 TWh à atteindre avec les énergies renouvelables. Pourtant, aujourd’hui, notre pays n’est pas sur la bonne pente pour atteindre l’objectif fixé, et, ce, pour de nombreuses et diverses raisons. » 3 000 MW de projets éoliens sont par exemple bloqués en raison de leur proximité de radars civils ou militaires. Un nouvel handicap parmi les très nombreux dressés par les anti-éoliens depuis cinq ans.

Pour sa part, le bois énergie est équivalent à la consommation d’environ 9 millions de tep ; de fait, c’est la première source d’énergie renouvelable en France. Près de 80 % de l’énergie produite provient des appareils domestiques, soit une production d’environ 7,3 millions de tep. Dans un contexte particulièrement favorable au développement du chauffage au bois, avec un crédit d’impôt de 50 % pour l’acquisition par un particulier d’un appareil au label Flamme Verte et une hausse continue des prix des autres modes de chauffage, les ventes d’appareils de chauffage domestique à bois ont augmenté en 2005 de 25 % avec des croissances très diverses suivant les appareils : avec 11 200 unités supplémentaires vendues en 2005, le marché des chaudières domestiques enregistre une croissance de 127 %. Évolution d’autant plus remarquable que les ventes stagnaient depuis près de 10 ans.

Le label Flamme Verte, dont la gestion a été confiée au Syndicat des énergies renouvelables (SER), promeut les appareils les plus performants, c’est à dire ceux d’un rendement minimum de 65 % et la maîtrise des émissions polluantes. L’intégration du bois énergie dans la RT 2005, sa mise en place dans le dispositif national des Certificats d’économie d’énergie, et l’arrêté du 31 octobre 2005, qui rétablit l’obligation d’un conduit de fumée pour les maisons neuves chauffées à l’électricité (décret dit « réversibilité » applicable dès ce 1er septembre) vont également participer au développement rapide de ce mode de chauffage. « La biomasse conservera toujours la première place en 2010 », estime Christophe Jurzack, chef du bureau des ENR au ministère de l’Industrie. « Nous voulons maintenir un parc stable avec des appareils qui consomment moins de bois et augmenter également le taux d’utilisation, en optimisant l’usage des appareils, sans se contenter des 20 à 30 % d’utilisation domestique en appoint actuels. »

Enfin, hors air/air, le nombre de pompes à chaleur installées chaque année est passé de 12 400 en 2002 à 25 200 en 2005. Avec une croissance des ventes de 45,7 % entre 2004 et 2005 grâce, une fois encore, au levier du crédit d’impôt. Pour pallier toute contre-référence dans la mise en œuvre des PAC, les professionnels souhaitent renforcer les actions de formation chez les installateurs de pompes à chaleur, une certification de produits, associés à la relance de la norme NF PAC.

Pour ce marché, Christophe Jurzack envisage un objectif de 80 000 unités en 2010, avec un développement marqué de la haute température, apte à produire de l’eau chaude sanitaire.

Quant à la microcogénération, elle n’est pas encore prête pour une commercialisation de masse.

Pour répondre à cette accélération considérable des préoccupations de la filière et de la maîtrise d’ouvrage, les nouveaux produits mis sur le marché ou encore sujets à la recherche fleurissent de façon explosive chez les industriels, qu’il s’agisse de simples élargissements de gammes ou d’innovations. Autant d’offres qui bouleversent la vie et les habitudes de l’entreprise d’installation et apportent une réelle plus-value à son travail… à condition qu’elle ait suivi la formation nécessaire.

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