Après avoir été le siège d'une déconstruction exemplaire visant le zéro déchet, la friche de la Maillerie va bientôt connaître un nouvel essor. A cheval entre Villeneuve-d'Ascq et Croix (Nord), sur 10 ha occupés autrefois par le site logistique des 3 Suisses, les promoteurs Nodi et Linkcity Nord-Est inventent un nouveau quartier mixte de 90 000 m2 SP (environ 140 M€ de travaux), misant sur la carte du développement durable et de la coconstruction sans toutefois viser la certification écoquartier.
L'opération, qui aura demandé six ans d'études et de discussions, est menée sous le régime original du projet urbain partenarial (PUP). Il comprend, outre les deux promoteurs associés au sein de Flers Aménagement, la Métropole européenne de Lille (MEL) et les deux municipalités concernées. Etabli par l'urbaniste en chef Nicolas Michelin, le schéma d'aménagement comprend au total 700 logements, 16 000 m2 de bureaux, un hôtel, deux résidences services, un groupe scolaire, 8 000 m2 de commerces et services, dont une ressourcerie.
Orientation au sud. « L'urbaniste a eu trois obsessions : des toits en pente, l'animation des rez-de-chaussée et la lumière, avec un maximum d'orientation au sud », sourit Benoît Gérardin, directeur de l'aménagement et des projets urbains chez Linkcity Nord-Est. Ce dernier précise que l'ensemble, incluant un vaste espace vert, vise le label BiodiverCity, qui donne une place importante à la nature. Une seule rue sera ouverte à la circulation, tandis que les deux autres seront piétonnes.
« Ce projet sera un exemple de l'urbanisme du XXIe siècle. Il a trouvé le juste milieu entre le pavillonnaire et les tours en donnant de l'autonomie aux habitants par rapport à leurs voisins sans gaspiller de terrain. Et il est proche des transports en commun », s'est félicité Gérard Caudron, le maire de Villeneuve-d'Ascq, lors de la première maille du site, tricotée en septembre, en guise de première pierre. Le maire peut aussi se féliciter des accords trouvés avec les promoteurs, qui financeront la construction du nouveau groupe scolaire et payeront la réfection de la voirie située devant le site. Ces derniers céderont aussi aux collectivités, pour un euro symbolique, 2 ha de foncier dans le cadre de la requalification hydraulique et environnementale pilotée par la MEL de la Branche de Croix sur l'ancienne vallée de la Marque.
Ce projet sera un exemple de l'urbanisme du XXIe siècle. Gérard Caudron, maire de Villeneuve-d'Ascq.
Brasserie et maison du projet. Par ailleurs, pour créer une dynamique sur les nouveaux espaces qui se veulent ouverts sur la ville, les aménageurs ont prévu une brasserie de 84 couverts, qui s'est déjà installée en début d'année, ainsi qu'une maison du projet multipliant les événements : « 5 000 personnes y ont déjà été accueillies », souligne Benoît Gérardin, qui ajoute que désormais des centaines de compagnons vont débarquer sur le site qui va se couvrir de grues.
Côté innovations, dont le projet est maillé, un des bâtiments de l'ancienne friche a par exemple été conservé pour devenir un parking silo de 760 places qui sera en réalité utilisable par 950 véhicules - soit la moitié des besoins du quartier - « en faisant du foisonnement, c'est-à-dire en mutualisant les usages de bureaux et d'habitats », se félicite Benoît Hennebelle, chargé du projet pour Nodi. Et sa toiture accueillera une ferme urbaine de 5 000 m2 . Sur la résidence L'Etoffe, qui bénéficiera du label Intairieur (qualité de l'air intérieur), 15 % des surfaces seront occupées par la végétation.
Par ailleurs, la moitié des appartements de la résidence seront livrés bruts afin de pouvoir être personnalisés par les acheteurs via le projet Tkap, en partenariat avec Leroy Merlin. Autre exemple : certains logements seront commercialisés en flexipro-priété par le groupe la Française grâce à un bail de cinquante ans, permettant de réduire significativement leur coût « d'achat ». Enfin, la place centrale du nouveau quartier sera dessinée avec les futurs habitants et les riverains.