Interview

« La paille de riz est sous-valorisée dans la région », Nicolas Guignard, directeur adjoint d'EnvirobatBDM, association qui promeut les démarches qualité et bâtiment durable méditerranéen en Paca

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Paille
Même si la création d'une véritable filière lui semble difficile, Nicolas Guignard mise sur les briques en terre-paille pour l'isolation.

Vous avez confié à Lise Asté, étudiante ingénieure en stage au sein de votre association, et à Pierre Delot, formateur en écoconstruction, une étude sur la paille de lavande et de lavandin. Quel était son objectif ?

L'idée était de mieux connaître les méthodes agricoles actuelles, ainsi que le traitement de la paille qui en résulte.

Cette étude a aussi aidé à identifier les pratiques constructives existantes, en mettant l'accent sur les bénéfices et les précautions à prendre avec cette ressource locale lors de sa valorisation dans le bâtiment. Précisons toutefois que cette paille ne peut être valorisée entièrement pour la construction puisque le secteur agricole en utilise une partie pour amender les sols. De plus, les parcelles sont de petite taille et éparpillées. Cependant, des innovations sont envisageables, notamment l'isolation en vrac et la fabrication de briques en terre-paille.

L'étude s'inscrit dans la continuité d'une autre sur le potentiel de la filière régionale paille pour la construction, livrée fin 2023. Qu'en attendiez-vous ?

Commandée par EnvirobatBDM et la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) Paca, elle s'intégrait dans le schéma régional de biomasse qui comporte un volet « valorisation en écomatériaux ». Elle offre des perspectives d'avenir même si la région Paca connaît un déficit en paille de céréales conduisant à un conflit d'usage entre l'isolation des bâtiments et les litières pour les animaux. Cette première étude a estimé la quantité potentiellement valorisable en isolation : 27 400 t de paille de riz camarguaise, 1 800 t de paille de blé, 600 t de paille d'orge et 150 t de paille de petit épeautre. Pour rappel, isoler une maison de 100 m² nécessite d'utiliser 10 t de paille de blé.

La paille de riz est donc prometteuse…

Effectivement. Sous-valorisée en Paca, elle est régulièrement exportée pour des usages agricoles. Une valorisation comme isolant apporterait une réelle plus-value aux agriculteurs car ils n'ont plus le droit de brûler ce coproduit. Il faut donc susciter des projets, à l'instar de l'immeuble tertiaire en construction à Montpellier (Hérault) dont les façades à ossature bois sont remplies de bottes de paille de riz. Tel est le sens de la sensibilisation auprès des maîtres d'ouvrage et d'œuvre, et de l'identification des 15 fournisseurs capables d'apporter le volume suffisant. Nous devons poursuivre le repérage des lieux de stockage et les développer, mais également accompagner les actions de R & D visant de nouvelles mises en œuvre comme l'isolation par l'extérieur.

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