L’opération de transfert du dôme menée le 16 juillet par la grue géante de l’entreprise belge Sarens (sous-traitante de Bouygues Travaux Publics sur le chantier de l’EPR de Flamanville), en présence de l’ensemble du personnel, revêtait un sens particulier après les différents déboires techniques rencontrés sur ce chantier prototype et qui ont abouti à l’accumulation d’un retard de quatre ans sur les prévisions initiales.
La grue de 3 200 tonnes de capacité nominale, configurée avec une longueur de flèche de 170 m a permis de manutentionner le dôme métallique et de le positionner sur cales au sommet du bâtiment réacteur, à 137 m de son aire d’assemblage, après un trajet à plus de 60 m de hauteur. Cette machine, unique au monde par ses dimensions, a été pour la circonstance équipée d’un palonnier spécial permettant de saisir le dôme par 12 élingues, de manière à éviter les déformations de la tôle. Pour contrebalancer les déséquilibres de la charge induits par la présence de pièces du système de la centrale prémontées en sous-face, ce palonnier a été décentré par rapport à l’axe du dôme.
Dix semaines de montage pour une opération de dix heures
Cette grue Sarens SGC 120 a été entièrement conçue et construite par la firme hollandaise pour répondre à des commandes. Elle n’avait auparavant travaillé que sur deux chantiers, un aux Etats-Unis et un autre en Chine. Arrivée par bateau à Cherbourg, les 4 000 tonnes de matériels qui la constituent ont été acheminées par 250 rotations de camions jusqu’à Flamanville où le montage de ses éléments a duré dix semaines. Avant de s’attaquer au transfert du dôme, une opération qui s’est étalée sur une dizaine d’heures, la grue Sarens SCG 120 a transféré sur le bâtiment réacteur 8 éléments lourds constituant le pont de manutention interne et notamment les deux poutres principales de 250 tonnes chacune.
Un dôme métallique comme coffrage perdu
Le dôme d’acier posé par Big Benny, de 43 m de diamètre et de 14 m de hauteur, accuse une épaisseur de 6 mm seulement. Monté sur place avec ses raidisseurs en face supérieure et pré-équipé en face inférieure d’éléments de tuyauterie de la centrale, il cumule deux fonctions, comme l’explique Gregory Heifling, directeur adjoint du chantier de construction EDF. « La première est d’assurer l’étanchéité du bâtiment réacteur, précise-t-il. Il doit pour ce faire être soudé sur les 147 mètres de circonférence au « joint » métallique qui fait le tour du sommet de la première enceinte. La seconde est de servir de coffrage perdu à l’enveloppe de béton d’1, 40 m d’épaisseur qui sera coulée au-dessus du métal. » Cette enveloppe sera réalisée en deux temps pour permettre d’intégrer, sur une première couche de 20 cm, les nappes de ferraillage et les gaines de précontrainte.
Puis, le premier dôme bétonné sera doté de grandes marches destinées à servir d’appuis aux coffrages du dôme extérieur, une coque d’1,80 m d’épaisseur avec une densité de ferraillage exceptionnelle de plusieurs centaines de kg/m3.