Objet banal du quotidien, qui aurait cru que les ballons d’eau chaude pouvaient nuire à l’environnement ? Pourtant, environ 0,5 % du poids d’un BEC est constitué de gaz, dont certains fluorés, connus pour détruire la couche d’ozone et contribuer au changement climatique. « En récupérant le gaz d’une tonne de ballons, on évite 2,6 t de CO2, soit un vol Paris-New York », schématise Philippe Chemineau, directeur des opérations chez Ecosystem.
Le défi du calcaire
Pour réduire cet impact, l’éco-organisme, accompagné du groupe Atlantic, a lancé en 2022 un appel à projets pour traiter les BEC en milieu confiné. Six sites ont été retenus en France. La première unité française - et même mondiale - a été inaugurée le 6 mai. Propriété de Decons, le centre installé au Vigeant (Vienne) a vocation à couvrir le grand quart sud-ouest du pays, de la Vendée à l’Hérault.
Le groupe a investi 10 millions d’euros dans une ligne de traitement conçue par For Rec SPA. En plus du broyage, la machine trie le calcaire, un vrai défi. « Il peut représenter jusqu’à 18 % du poids du ballon. Il a fallu adapter la première version de notre modèle », explique un représentant de l’entreprise italienne, avant que Philippe Chemineau n’ajoute : « Nous cherchons toujours un exutoire pour ce calcaire. »

La ligne de démantèlement a demandé un investissement de 10 M€ © Joseph Melin
Dimensionnée pour traiter 20 000 tonnes de BEC par an, l’unité devrait tourner à un rythme de croisière de 15 000 t/an. Le process permet un tri de l’ensemble des matériaux qui sont recyclés et valorisés à 100 % (sauf le calcaire…). Ainsi, la mousse de polyuréthane, isolante, est détachée mécaniquement de la ferraille avant d’être transformée en pellets destinés notamment à servir de combustible auprès des industriels comme les cimentiers. « On devrait atteindre 900 t/an de pellets », avance-t-on chez Decons. Les gaz, qui permettent l’expansion des mousses, sont collectés dans la machine en milieu confiné avant d’être liquéfiés et stockés dans des bonbonnes qui sont ensuite expédiées vers des usines d’incinération de déchets dangereux. Le reste des matériaux, plastique, métaux ferreux ou non ferreux sont criblés et rejoignent des filières classiques de valorisation.
400 000 t de CO2 captées par an
Pour l’unité du Vigeant, cette mise en service n’est qu’une première étape. En juin, le groupe posera le second étage de la fusée : « Nous réceptionnerons une ligne de dépollution des BEC thermodynamiques. La spécificité sera dans le traitement de la pompe à chaleur et des fluides. Enfin, la troisième phase se déroulera en juin 2026 avec la possibilité de dépolluer les vitrines réfrigérantes », détaille David Decons, président des Établissements éponymes.
D’ici 2027, cinq autres unités de traitement entreront en service couvrant ainsi le territoire français : Coolrec à Lesquin (59) ; Derichebourg Revival à Bonneuil-sur-Marne (94) ; Derichebourg Eska à Cheminot en Moselle (57) et Derichebourg Purfer à Saint-Pierre-de-Chandieu (69). Elles capteront l’équivalent de 400 000 t de CO2/an. « Désormais, les installateurs devront vendre les anciens BEC à un récupérateur qui à son tour devra se tourner vers un des sites de traitement. Il est désormais interdit de faire appel à des ferrailleurs », conclut Nathalie Yserd, directrice générale d’Ecosystem.