En septembre prochain, les travaux de réhabilitation de la tour 2 de la Benauge, quartier prioritaire de la ville situé sur la rive droite de Bordeaux (Gironde), seront achevés. Un chantier que l'agence d'architecture Atelier Provisoire estime expérimental avec un process d'intervention duplicable. « Pour cette opération, nous avions une tranche ferme qui concernait l'isolation thermique, la mise aux normes PMR et la réhabilitation des halls d'entrée de ce bâtiment construit en 1959, détaille Laurent Vilette, fondateur et associé de l'agence. Les deux tranches conditionnelles portaient, elles sur la transformation intérieure des logements et la création de balcons. » Avec un investissement de 110 000 euros par logement, financé par le maître d'ouvrage CDC Habitat, Bordeaux Métropole, l'Anru, le fonds Feder, SNCF Réseau, ainsi que via des prêts d'Action Logement et de la Banque des territoires, la totalité des travaux a pu être menée. Le budget total pour la réhabilitation de trois bâtiments entre 2022 et 2027 s'élève à 22 M€ TTC, dont près de 18 M€ pour les tours 1 et 2.
Création de nouvelles typologies
Cette opération tiroir - le premier bâtiment a été livré en 2023 pour permettre le déménagement des habitants - a démarré par une intervention lourde sur les logements de cette tour de 15 étages et 77 logements, avec l'entreprise Secma pour le gros œuvre. L'agencement intérieur a entièrement été modifié afin de créer 15 typologies différentes : les salles de bains ont été déplacées en lieu et place des cuisines, qui, elles, ont été implantées à la place des chambres ; des percées dans les murs en béton caverneux ont été réalisées entre certaines pièces ; les séjours ont été agrandis en repoussant les baies vitrées vers les façades et des petits appartements ont servi de « réserves » pour ces nouvelles organisations.
Le nombre de logements est ainsi parfois passé de cinq à quatre par étage avec la création d'habitations plus grandes. « Les pièces d'eau sont désormais éclairées naturellement et certaines disposent d'un oriel (fenêtre en encorbellement) protégé par une toile perforée qui permettra d'y étendre du linge ou d'y disposer des plantes. Ce qui était un agrément devient une fonction attenante à la pièce », souligne Laurent Vilette.
Mesurant de 25 à 35 m2 , des balcons rapportés et indépendants de la structure de la tour ont été ajoutés sur les 10 premiers étages - une limite liée aux risques sismiques -, ainsi que des loggias de 12 m2 . Le rez-de-chaussée a aussi été modifié avec l'entrée côté parc de la cité blanche et non plus côté route, collant avec le souhait de la métropole de renouer avec le concept de « cité-jardin ».
Pour l'architecte, cette opération a un enjeu social fort puis-qu'elle a véritablement permis de travailler sur les conditions de vie des habitants. Par ailleurs, elle redonne un nouveau souffle et une nouvelle image à ces immeubles des années 1960. Les mêmes travaux seront opérés sur la tour 1 voisine à partir de la fin de cette année pour une livraison en 2027.