Si les vagues de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) font le bonheur des surfeurs, elles sont moins appréciées des navires qui souhaitent s’ancrer dans le port des Pêcheurs, situé au sud de la station balnéaire, non loin du célèbre rocher de la Vierge. La digue de Gamaritz a été construite dans la seconde moitié du XIX siècle pour protéger le chenal d’accès à ce havre. Les assauts répétés de la houle ont peu à peu déstructuré le béton cyclopéen (béton de masse dans lequel sont noyées de grosses pierres) de l’ouvrage, le fragilisant dangereusement. Deux cavités constituent les manifestations les plus graves de ces dégradations. La première est le résultat d’un sous-cavage important de l’évent, une ouverture dans le corps de digue conçue dès l’origine pour la décharger de la pression de la houle. La seconde cavité s’est formée au fil du temps, et s’étend sur une vingtaine de mètres sous la digue. Craignant l’effondrement de l’ouvrage, la mairie de Biarritz a entrepris de le conforter, confiant la maîtrise d’œuvre à Ingérop et les travaux à l’entreprise GTS (groupe NGE), spécialisée dans les opérations d’accès difficile et les travaux spéciaux.
1 000 m 3 de béton pour combler les cavités
Techniquement, l’opération se déroule en deux phases principales. La première action consiste à conforter les assises de la digue par coulage d’un béton immergé : « Les cavités sont comblées par 800 à 1 000 mde béton », explique Laurent Viguier, chef de secteur Midi-Pyrénées de GTS (voir encadré page précédente). La sécurisation définitive de l’ouvrage est ensuite réalisée en ceinturant l’ouvrage d’une banquette réalisée à l’aide d’écailles préfabriquées conçues par GTS (voir ci-dessus).
Mais les contraintes techniques sont doublées d’importantes difficultés logistiques. Premièrement, l’entrée de la digue est adossée à un terrain rocheux très escarpé, qui rend impossible l’approvisionnement des matériaux et matériels par voie terrestre. De plus, le site étant très fréquenté par les touristes, la Ville de Biarritz ne souhaitait pas fermer l’accès piétonnier côtier. « Il fallait que nous limitions drastiquement notre présence sur le site », résume Laurent Viguier. Initialement, le cahier des charges prévoyait une solution d’accès par la mer à la digue, avec la mise en place d’une plate-forme maritime posée sur vérins stabilisateurs. En variante, l’entreprise a proposé une solution logistique innovante, « qui générait 15 à 20 % d’économie pour le maître d’ouvrage », assure Laurent Viguier. Soit une solution d’accès terrestre inspirée de la montagne, terrain de jeu d’origine de l’entreprise dont le siège est à Lyon, mais limitant les emprises nécessaires au strict minimum. Elle a pour cela imaginé un circuit de transport des matériaux et matériels qui emprunte la voie des airs, et dont l’organe stratégique est constitué d’un téléphérique de chantier, ou blondin (voir double page suivante).
