Ils ont passé le cap entre le savoir-faire et le faire savoir : engagés de longue date dans des projets communs, Météo France et le Centre d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) ont signé une convention de partenariat en juin, pour six ans.
Une coopération déjà engagée
« La convention sert avant tout à clarifier la coopération, soit pour définir les périmètres des interventions de chacun, soit pour élaborer des projets ou des offres communes, notamment à l’international », décrypte Philippe Joscht, directeur Eau, mer et fleuves au Cerema.
Dans le cadre du plan national d’adaptation au changement climatique, la mise en place d’un centre de ressources a familiarisé les deux partenaires à la coopération. Le croisement des prévisions météo et des risques hydrauliques répond aux demandes des territoires qui cherchent à connaître leur vulnérabilité, pour concevoir des ouvrages adaptés. La modélisation des îlots de chaleur urbaine et l’exploitation routière figurent également parmi les axes de coopération confirmés par la convention.
Un institut reconnu
Cette contractualisation vient à point nommé pour le Cerema, qui renforce sa notoriété dans un champ de compétences reconnu depuis peu par les promoteurs du partenariat public privé en matière de recherche : le label Institut Carnot, délivré en février dernier au projet Clim’Adapt pour une durée de quatre ans, témoigne de cette reconnaissance.

Avec son Clim'Adapt, le Cerema a obtenu le renouvellement de son label Institut Carnot, attribué pour la première fois à un projet de recherche dédié au changement climatique
Jusqu’alors, aucun des 39 titulaires de la marque n’avait mis en avant l’adaptation au changement climatique. Le Cerema lui-même avait intégré ce cercle restreint en 2016, avec un dossier sur le thème de l’efficience. Quatre ans plus tard, sa réorientation stratégique a convaincu le comité de sages réunis par l’Agence nationale de la recherche. Clim’Adapt en profitera jusqu’en 2023, seul sur un créneau en plein boom.
Ce gain de notoriété s’ajoute au bonus financier : avec le label, Clim’Adapt bénéficie d’une enveloppe estimée dans une fourchette comprise entre 10 à 15 % du chiffre d’affaires dit « carnotisable ». La manne distribuée aux 39 membres du réseau renouvelé en 2020 a totalisé 62 millions d’euros.
Un thème fédérateur
La focale climatique démontre ses vertus fédératrices, pour quelque 500 techniciens, ingénieurs et chercheurs répartis dans toutes les régions : « Grâce à Clim’Adapt, je découvre la richesse du Cerema. Sans contorsion, on peut considérer que toutes nos activités touchent aux enjeux climatiques », analyse Thierry Braine-Bonnaire, directeur du Carnot Clim’adapt depuis le 1er juillet.
Et d’énumérer quelques-uns des domaines de recherches que le Cerema entend partager avec le monde socio-économique, pour contribuer à décarboner la construction et l’aménagement : connaissance du patrimoine des réseaux et ouvrages d’art ; anticipation de leur vieillissement ; valorisation des sédiments de barrage, de dragage ou des déchets de chantier ; route intelligente ; éclairage sobre ; rénovation énergétique du bâtiment…
Croisement au littoral
Fatalement, la liste croise le champ couvert par la convention avec Météo France, autour des thèmes de la sécheresse, des inondations ou des risques. Le long du littoral, le réseau d’houlographes géré par le Cerema donne une illustration concrète de cette intersection : « Ces installations donnent des indications utiles aux météorologues, pour prévoir l’ampleur des tempêtes », explique Philippe Joscht. L’utilisation des drones et le recours aux sciences participatives font partie des pistes de recherche que prévoient de suivre les deux signataires.

La prévision de l'ampleur des tempêtes fait partie des recherches partagées par Météo France et le Cerema
Faut-il voir les prémices d’un élargissement des partenaires de Clim’adapt ? Les signataires de la convention se gardent bien de répondre, mais la question pourrait revenir à l’ordre du jour en 2023.