Il aura fallu un peu plus de trente ans au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), installé à la Cité de la musique au sein du parc de la Villette, dans le XIXe arrondissement, pour se parer enfin de ses plus beaux atours. Inauguré en 1990, ce projet, confié à l'architecte Christian de Portzamparc, n'a jamais été réellement achevé. « Des désordres liés à des défauts de conception et de mise en œuvre sont apparus peu après sa construction », témoigne Florent Vergez, responsable bâtiment et sécurité du CNSMDP. C'est finalement en 2014, après de nombreux diagnostics techniques, que « les risques de chutes des pierres en façade ont conduit à le sécuriser et à le mettre sous filet », explique-t-il.
Des mesures qui ont rendu impérieuse la rénovation de l'enveloppe de cet établissement de 35 000 m². Les études menées par les ingénieurs du bureau d'études Elioth, mandataire de l'opération, ont consisté à étudier les possibilités de réemploi des pierres en place pour une restauration à l'identique. « Les plans d'origine et les relevés des parois nous ont permis d'établir une base de données complète de tous ces parements avec, pour chacun, leurs spécificités. Mais les réutiliser s'avérait à la fois trop risqué et trop coûteux », détaille Pierre-Arnaud Voutay, directeur général adjoint d'Elioth. Finalement, les dalles déposées ont été concassées et seront réemployées en assise de chaussée.

« Surfaces montées à blanc ». Le maître d'œuvre s'est alors lancé à la recherche de nouveaux matériaux afin d'habiller les 13 500 m² de murs, parés de six types de minéraux différents aux finitions multiples. La pierre la plus emblématique, la caliza capri, installée sur la façade principale du conservatoire, est un minéral espagnol de couleur blanche. « Après avoir retrouvé la carrière d'origine, nous avons réservé des blocs, explique Arnaud Voutay. Nous avons fabriqué un prototype avec des amplitudes de teintes admissibles pour obtenir des zones homogènes. Les surfaces ont ensuite été montées à blanc dans l'usine pour valider les qualités du matériau. » Le chantier a démarré en 2018. Mené en site occupé, il ne devait pas déranger les quelque 1 300 élèves. « Afin de limiter les gênes sonores, nous avons défini, après une campagne de mesures et d'essais, un seuil de nuisance à ne pas dépasser de 50 dB et équipé l'ouvrage de sondes en conséquence. Autre précaution, les travaux les plus bruyants se sont déroulés durant les périodes estivales », détaille Florent Vergez.
La réfection de la façade principale engageait ces travaux au long cours : les poseurs d'Uni-Marbres ont mis en œuvre les dalles à une cadence de 10 à 20 m²/jour. Des agrafes métalliques maintiennent les panneaux, d'environ 120 sur 50 cm pour 30 mm d'épaisseur et pour un poids compris entre 44 et 74 kg. Point particulier de l'opération, certaines pierres recouvrent des voiles inclinées ou des sous-faces. « Nous nous sommes appuyés sur un avis technique existant pour les fixer. Les panneaux sont ainsi accrochés sur une structure en nid d'abeilles de 20 mm d'épaisseur, elle-même fixée sur des rails en aluminium », détaille Pierre Croly, chef de projet façade pour Elioth.

En parallèle, les 350 éléments vitrés ont été remplacés. Qu'ils s'agissent des murs-rideaux ou des façades double peau, les performances ont été améliorées tant sur le plan acoustique, impérieux pour ce programme, que sur le plan thermique avec la mise en œuvre de menuiseries à rupture de pont, ou encore sur le plan de la transmission lumineuse avec des verres plus performants.
Rénovation des intérieurs jusqu'en 2025. Après vingt-six mois de travaux, le chantier, achevé au début de l'année 2021, procure une seconde jeunesse à l'édifice. La réfection des façades de la tour d'orgue, terminée en janvier dernier, met un point final à l'opération pour un budget global de 22 M€. La rénovation des intérieurs va, elle, se poursuivre jusqu'en 2025.