Selon les chiffres fournis par Uniclima*, les ventes des solutions thermiques ont commencé à décrocher à partir de septembre 2023 et ont continué à se dégrader jusqu’à fin août 2024, plongeant l’ensemble du marché du génie climatique dans une profonde crise. Les difficultés sont liées à plusieurs facteurs : une conjoncture dégradée,un pouvoir d’achat des Français fragilisé, une crise durable du marché de la construction neuve et un coup de frein brutal de la rénovation. À cela s’ajoutent la complexité et l’instabilité des aides publiques, le flou autour du dispositif MaPrimeRénov’ (suppression des mono gestes en janvier 2024, réintroduction en mai 2024), puis une longue période d’incertitudes politiques.
Une décroissance générale dans le résidentiel au premier semestre 2024
Côté chiffres, ce sont les pompes à chaleur air/eau et les chaudières biomasse (déjà à -14 % et à -69 % en 2023), qui accusent le plus fort recul de ventes au premier semestre 2024, avec respectivement -46% et -58%, et ce malgré les performances de ces technologies qui utilisent des énergies renouvelables.
Les PAC air/air, privilégiées en rénovation de chauffage électrique et qui avaient bien résisté jusque-là (+13 % en 2023), ont été elles aussi impactées, avec une décroissance de -15%. Le marché du solaire thermique connaît également une baisse très marquée, de -28% en surface de capteurs et de -35% en nombre de systèmes (chauffe-eau solaires individuels et systèmes solaires combinés), contre +8 % et-13 % en 2023.
Seules les chaudières gaz de puissance inférieure à 70 kW et les radiateurs à eau, des solutions plus traditionnelles et au coût moins élevé, tirent leur épingle du jeu sur le premier semestre 2024. Alors qu’elles étaient en baisse en 2023, à respectivement -23 % et -16 %, elles affichent cette année des hausses de +17 % et +6 %.
Une concertation nécessaire avec les pouvoirs publics
À ce jour, les perspectives pour 2025 restent incertaines et assujetties aux mesures qui seront décidées par le nouveau gouvernement. Face à ce constat, les industriels d’Uniclima souhaitent une concertation avec les pouvoirs publics : « Pour relancer l’activité, les professionnels ont besoin d’une nouvelle concertation qui prenne en compte les réalités du terrain. Le pragmatisme doit être de mise, sans opposer rénovation globale et rénovation par geste. Les deux sont indispensables et ont vocation à cohabiter pour permettre au plus grand nombre d’entrer dans la transition énergétique. Si la rénovation d’ampleur est efficace à chaque fois que possible, un parcours de rénovation par étapes permet aussi de viser un objectif cohérent, de réaliser des économies d’énergie et de décarboner, tout en étant davantage adapté à la capacité financière des ménages. »
Aussi, les industriels souhaitent maintenir une palette de technologies de production de chauffage et d’eau chaude sanitaire aussi large que possible, pouvant s’adapter à toutes les configurations. D’autant que l’objectif de production de 1 million de pompes à chaleur à l’horizon 2030 (engagement pris auprès des pouvoirs publics en 2022), en plein cœur de la crise actuelle, semble s’éloigner.
* Statistiques mensuelles Uniclima à fin août 2024
