Dans le quartier de la Pariser Platz à Berlin, les ambassades de France, des Etats-Unis et de Grande Bretagne reprennent possession des terrains qu'elles occupaient avant guerre, dans le cadre de la « reconstruction critique » conduite par la nouvelle capitale allemande. Question posée aux sept équipes appelées à concourir pour la construction de l'ambassade de France : comment bâtir dans un contexte aussi emblématique et réglementé un bâtiment porte- parole de la France ? Autre difficulté, caser sur une parcelle étroite et imbriquée, ouverte par deux courtes façades sur l'espace public, toutes les fonctions diplomatiques, culturelles, résidentielles et de représentation d'une ambassade. Sur 4 500 m2 de parcelle, pour 16 000 m2 hors oeuvre net, c'est Christian de Portzamparc, porté par une vague incontestable de succès, qui a offert l'image la plus diplomate de l'institution, et organisé la meilleure polyvalence des espaces de réception et de l'auditorium. En nombre de voix, il précède d'une courte tête les projets de Jean Nouvel et Gaudin père et fils, mentionnés par le jury. Le bâtiment, qui devra être achevé au premier trimestre 2001, sera construit pour 175 millions de francs HT de travaux par le ministère des Affaires étrangères, maître d'ouvrage.
C'est pour sa façade à la fois distinctive et intégrée et sa bonne réponse fonctionnelle que le projet de Christian de Portzamparc a remporté la compétition. Tous les paramètres y sont : l'auditorium et les salles de réunions en position centrale, les salons de réception multiorientés sur Pariser Platz, l'antenne culturelle sur un seul niveau, le tout résolu dans des épannelages bas et sans les multiples verrières des deux projets mentionnés. En prime, l'image d'un petit îlot à la française, un « ailleurs » dans la sévère trame berlinoise, qui déjoue avec élégance sa situation encaissée. Les deux parties du programme se déploient autour d'une cour publique et d'un jardin, surélevé de 5 mètres. Entre les deux, la longue ligne du « viaduc » installe sur 130 mètres de long et 13 de large une allée plantée visible depuis l'entrée principale. Elle se détache sur le ciel et donne au projet sa ligne d'horizon.