« Du littoral sud de Marseille émergera probablement la figure du "grand parc" », Olivier Philippe (Agence Ter)

La Ville de Marseille a confié à un groupement de maîtrise d’œuvre, composée de l’Agence Ter, L’Adeus, Artelia, Richez Associés, Sens de la Ville et Madehok, la mission d’élaborer le plan-guide du littoral sud pour notamment proposer des pistes d’adaptation au changement climatique. Olivier Philippe, paysagiste et cofondateur de l’agence Ter, explique la démarche à quelques jours de la fin de la concertation du public qui s’est déroulée du 29 avril au 11 juillet.

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Olivier Philippe, paysagiste et cofondateur de l’agence Ter
Olivier Philippe, paysagiste français, cofondateur avec Henri Bava et Michel Hoessler de l’agence TER, Grand Prix de l’urbanisme 2018 le 30?juin 2025 dans le grand Parc de Saint-Ouen et sa serre Wangari.

Quel est le périmètre de réflexion ?

Il concerne plus de 3 km de littoral, entre le centre nautique municipal Florence-Arthaud, au nord et le port de la Pointe-Rouge, au sud, en passant par les plages artificielles du Prado aménagées avec les déblais du métro dans les années 1980.

La Ville a souhaité inclure le parc Borély et l’hippodrome. Ces derniers sont à l’articulation du fleuve côtier l’Huveaune et des plages. Cela donne un espace public de plus de 70 hectares. C’est potentiellement le plus vaste de Marseille, d’où émergera probablement la figure du « grand parc » aux paysages et aux usages multiples. Nous livrerons un plan-guide en début d’année prochaine. Il sera le fruit d’une vaste concertation, à l’aide de balades animées, de dispositifs mobiles, d’ateliers, d’un questionnaire en ligne qui a débuté le 29 avril et se termine demain, le 11 juillet. L’enjeu est de comprendre les besoins des Marseillais, leurs pratiques, leur compréhension du site et leurs aspirations pour son futur.

Plan-guide du littoral sud de Marseille - Le périmètre de la consultation
Plan-guide du littoral sud de Marseille - Le périmètre de la consultation Plan-guide du littoral sud de Marseille - Le périmètre de la consultation

Que vous a appris cette concertation ?

Nous en sommes au stade de l’analyse de ces retours. Nous savons que les plages du Prado sont très fréquentées l’été par les habitants des quartiers nord. Ceux des quartiers sud ont tendance à moins s’y rendre à cette saison, pour y revenir l’hiver et profiter de l’horizon. Les réponses aux questionnaires pointent le besoin de plus de confort, d’ombre, d’équipements telles les douches sur les plages, mais aussi d’infrastructures d’arrière-plage tout comme l’insuffisance des transports en commun.

Que préconisez-vous ?

L’hypothèse de travail est celle, positive, du récit d’un grand parc métropolitain évolutif combinant les plages du Prado, les remblais afférents, l’hippodrome et le parc Borély soit, peu ou prou, l’assiette du delta originel de l’Huveaune. Je précise que cela ne signifie nullement que tout sera inondé ou que cela passe par un effacement systématique de l’existant.

La réussite de cette hypothèse est liée à la manière dont nous allons gérer la montée des eaux, les phénomènes associés comme la houle, les surcotes et le débordement de l’Huveaune. Ces phénomènes existent déjà. Ils vont simplement s’intensifier au point d’être ingérables sans une action forte. En conclusion, je dirais que la posture frontale face à la puissance de la mer n’est plus tenable.

La posture frontale face à la puissance de la mer n’est plus tenable

Permettons son épanchement pour amoindrir sa brutalité. Cela nous permettra de reprendre l’initiative sur le nouveau paysage littoral que les Marseillais attendent.

Est-ce la première fois que vous travaillez sur un territoire aussi vaste ?

Nous œuvrons régulièrement sur des sujets d’échelle territoriale et ce depuis de nombreuses années. Concernant les littoraux, nous avons travaillé il y a treize ans sur l’estuaire de la Loire. Il s’agissait de réfléchir à des orientations d’aménagement et nous avions abordé plusieurs problématiques que nous retrouvons à Marseille : la montée des eaux, le recul du trait de côte, la rencontre entre deux eaux : celle salée de l’eau de mer, celle douce du fleuve et des marais de la grande Brière… Une fois mesurée, cette évolution pose la question de la position à adopter : comment organiser le repli, ou plutôt le redéploiement et ce dans quel ordre et quelles temporalités. Depuis, nos premières études sur ces thématiques, la connaissance technique de ces phénomènes a été améliorée. Nous sommes capables de les modéliser, même si cela reste perfectible, et nous en mesurons donc mieux les conséquences.

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