Y a-t-il vraiment beaucoup d'innovations dans le BTP? Cette question revient régulièrement dans les propos de ceux qui ont une vision réductrice de notre métier. Elle est aussi mise en avant par de nombreux industriels qui regrettent la lenteur de nos professions à adopter les produits performants qui sont régulièrement lancés sur le marché.
Il suffit pourtant de visiter deux logements construits avec trente ans d'écart pour constater les énormes progrès réalisés en matière d'acoustique, de thermique et de performance énergétique.
Pourtant nul ne peut nier la curiosité technique des professionnels de la construction. Ils devraient être 400.000 la semaine prochaine à arpenter les 130.000 m2 de stands de Batimat à Paris-Porte de Versailles avec pour objectif de découvrir les nouveautés qui leur permettront de rester dans le coup et de mieux répondre aux attentes de leurs clients.
C'est vrai qu'il s'écoule un temps relativement long entre la mise au point d'une innovation et son usage courant sur les chantiers. Mais, notre profession a des contraintes en termes de sécurité et de durabilité et toute innovation doit faire la preuve de son efficacité et de son innocuité pour les usagers.
Le secteur de l'automobile qui n'est pas réputé pour sa frilosité connaît les mêmes contraintes. Il a fallu des dizaines d'années pour que soit couramment utilisés le freinage ABS, le collage des rétroviseurs, le multiplexage des câbles électriques... Il ne faudra peut être pas plus de temps pour voir se généraliser les bétons auto-plaçants, l'usage du titane en construction métallique, les bâtiments qui produisent autant d'énergie qu'ils en consomment... En gardant à l'esprit que le principal frein à l'innovation n'est pas la capacité des industriels à proposer des solutions nouvelles mais leur capacité à les faire adopter et maîtriser sur les chantiers par les compagnons.
L'innovation passe aussi et surtout par l'information et la formation!
Patrick Piernaz
Rédacteur en chef du Moniteur