Le projet de digue productrice d’énergie Dikwe, porté par le groupe de BTP Legendre, la start-up guérandaise GEPS Techno et l'Ifremer, passe un cap : un deuxième prototype a été immergé début juillet sur le site d’essais en mer de l'institut, près de Brest (Finistère).
Une première machine à l’échelle 1/15e avait déjà été testée pendant 18 mois dans le bassin océanique de l’institut, permettant de valider les simulations numériques du potentiel de protection de la digue et de sa capacité de production d’électricité. Son principe est simple : un volet mobile capte la force des vagues qui est ensuite transformée en électricité par un convertisseur. Selon les premiers essais, Dikwe pourrait recueillir plus de 60 % de l’énergie des vagues.
Evaluer l’impact environnemental
Construit à l’échelle ¼, soit 4,5 m de large et de haut et 6 m de profondeur, le second prototype est équipé de toute une instrumentation destinée à mesurer la force et la direction des courants, des vagues et des vents ainsi que le comportement de l’infrastructure.
Autre enjeu de cette deuxième expérimentation : évaluer l’impact environnemental de Dikwe par rapport à une digue conventionnelle.
« Les tests sont en cours mais jusqu'ici, nous n’avons pas encore mesuré d’impact sonore qui couvrirait le bruit des vagues, souligne Quentin Henry, directeur du projet chez Legendre, ni de de phénomènes oscillatoires qui amèneraient de la perturbation dans le milieu. » Les modules de digues seraient en outre préfabriqués à terre avant d’être acheminés sur leur lieu d’implantation, limitant ainsi le bruit et la turbidité générés par la phase travaux.
Si les machines d’essais sont entièrement faites de métal, notamment pour des raisons de poids au levage, la version finale sera, elle, constituée d’un caisson en béton abritant un volet métallique. « Il suffira ensuite d’aligner les caissons côte à côte pour former la digue », explique Quentin Henry.
Des marchés dans le monde entier
Dikwe pourrait trouver un premier marché avec la rénovation des digues portuaires existantes afin de contrer leur vieillissement ou de les adapter à la montée du niveau des eaux.
Si la France métropolitaine en compte 175 km, selon les chiffres du Céréma, seuls 26 km offrent un réel potentiel pour Dikwe, selon les estimations de Legendre. Mais le marché français comprend également les nouveaux projets de digues réalisés dans le cadre des agrandissements portuaires dictés par le développement de l’éolien en mer. Quant aux territoires ultramarins, ils détiennent un bon gisement de houle et cherchent à se libérer des énergies fossiles pour leur production d’électricité.
Ailleurs dans le monde, certains pays comme l’Espagne et le Portugal offrent un linéaire côtier très important qui pourrait bénéficier à Dikwe. « Sur l'international, on ne se ferme aucune porte », souligne Quentin Henry qui rêve d’une production électrique alimentant infrastructures portuaires et navires à quai.
A terme, des électrolyseurs pourraient même transformer l’énergie des vagues en hydrogène, futur carburant du transport maritime. L’expérimentation qui vient de démarrer à Brest s’étendra jusqu’en fin d’année puis les partenaires entreprendront de construire une digue à l’échelle 1, soit 20 m de haut. Dotée d’une capacité de production de l’ordre du mégawatt, elle sera installée à l’été 2024 sur un site pilote breton en cours d’identification avec la Région.