Le solaire thermique veut sortir de l’ombre

Lors des Etats généraux de la chaleur solaire qui se tenaient à Marseille le 25 juin 2024, Enerplan a présenté ses propositions pour un plan national solaire thermique. Objectif : multiplier la production actuelle par 8 en dix ans.

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Installation d'un équipement solaire
Parmi les propositions pour un plan national solaire présentées par l’association Enerplan, plutôt d’ordre technique : « lever des obstacles réglementaires et législatifs » pour déployer de grandes installations qui doivent représenter une part majoritaire des nouveaux volumes d’ici à 2035.

Verra-t-on un plan national solaire thermique émerger dans les prochains mois ? C’est le souhait exprimé par Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire. Lors des Etats généraux de la chaleur solaire qui se déroulaient à Marseille, le 25 juin 2024, le délégué général, Richard Loyen, a rappelé les objectifs que s’est fixés la France pour le développement d’une filière totalement éclipsée par le photovoltaïque. La capacité solaire thermique installée produit aujourd’hui 1,3 TWh (1 % de la chaleur renouvelable). Or la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vise une consommation solaire thermique de 1,85 à 2,5 TWh pour l’hexagone d’ici 2028. Or, la stratégie énergie-climat, qui alimente les travaux de la prochaine PPE, veut aller encore au-delà, avec 6 TWh d’ici 2030, et 10 TWh en 2035.

45 % de la consommation finale d’énergie

« Nous devons changer d’échelle !, résume Richard Loyen. L’objectif fixé à la filière nécessite des efforts importants, à commencer par la communication ».

Nous devons changer d’échelle !

—  Richard Loyen, délégué général d'Enerplan

Car le solaire doit convaincre, à tous les niveaux. La chaleur, qui représente 45 % de la consommation finale d’énergie, est encore majoritairement produite à l’aide d’énergies fossiles. Enerplan cherche donc d’abord à valoriser les « avantages significatifs » de la filière solaire qui la positionnent comme une solution énergétique « avantageuse », qui repose sur un principe « simple », sans passer par l’électricité. « Elle s’adapte au résidentiel individuel comme aux usages collectifs et tertiaires, ainsi qu’aux industries de petite et grande envergure », argue Richard Loyen qui rappelle que le solaire couvre une multitude d’applications thermiques, incluant la production d’eau chaude sanitaire et le chauffage pour des besoins en température de 40 à 400 degrés.

Encourager le couplage technologique

Sur une surface identique, le solaire thermique peut produire quatre fois plus de chaleur que le photovoltaïque

—  Richard Ledoyen, délégué général d'Enerplan

Au-delà de la communication, les propositions pour un plan national solaire présentées par l’association sont plutôt d’ordre technique. Il s’agit notamment de « lever des obstacles réglementaires et législatifs », pour déployer de grandes installations qui doivent représenter une part majoritaire des nouveaux volumes d’ici à 2035, si la France veut atteindre ses objectifs : « sur une surface identique, le solaire thermique peut produire quatre fois plus de chaleur que le photovoltaïque, assure Richard Loyen. Pourtant, le foncier que nous utilisons est considéré comme artificialisé, contrairement au photovoltaïque ».

L’objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2050 freine ainsi le développement de grands projets

—  Richard Ledoyen, délégué général d'Enerplan

L’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon 2050 freine ainsi le développement de grands projets, alors que les collectivités sont soumises à des arbitrages déjà difficiles entre la construction de logements, d’équipements publics ou le développement d’activités économiques sur les terrains disponibles. Enerplan veut aussi encourager le couplage technologique du solaire thermique avec d’autres modes de production de chaleur renouvelable. Notamment pour devenir la « pièce maîtresse » de la décarbonation du résidentiel collectif et du tertiaire.

Des projets validés restent dans les cartons parce que l’on ne trouve pas d’installateurs

—  Claire Barais, ingénieure solaire thermique au sein du service Chaleur renouvelable de l’Ademe

Autre défi pour la filière : celui de la formation. Claire Barais, ingénieure solaire thermique au sein du service Chaleur renouvelable de l’Ademe, estime que 3 000 postes directs et indirects sont à créer dans le solaire thermique. « Des projets validés restent dans les cartons parce que l’on ne trouve pas d’installateurs », déplore-t-elle.

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