Il semble loin ce mois de janvier 2001 où Schneider Electric annonçait le rachat de Legrand, initiative interdite quelques mois plus tard par la Commission européenne. Rétrospectivement ne valait-il pas mieux que les deux champions français du matériel d’installation électrique ne se regroupent pas ? Au vu de l’appétit de croissance externe développé par chacun, on peut penser que l’abandon de ce projet pourrait leur avoir été profitable et leur avoir permis de se renforcer autrement.
Investissements tous azimuts
Legrand ne cesse d’investir. En Chine d’abord avec le rachat de TCL en décembre dernier (un des leaders de l’appareillage électrique chinois mais aussi du câblage de communication), puis de Shidean en janvier (spécialiste des portiers audio et vidéo), mais aussi en France avec l’acquisition du leader du chemin de câbles, Cablofil.
Schneider Electric n’est pas en reste et renforce ses positions avec des acquisitions concernant plusieurs de ses activités: dernière en date, en mars 2006, elle concerne l’Allemand Merten, spécialiste de l’appareillage mural plutôt moyen et haut de gamme. Mais c’est aussi l’Australien Clipsal, acquis en commun avec CIH en 2003, qui lui appartient maintenant en totalité depuis le rachat des parts de son partenaire dans l’opération. C’est aussi le rachat, il y a quelques années des spécialistes des systèmes de gestion technique que sont TAC et Satchwell qui, regroupés, forment maintenant en France une entité à part entière : Schneider TAC France dédiée au «Building Automation». En « s’offrant » l’Italien OVA en février 2006, un spécialiste de l’éclairage de sécurité, Schneider complétait son offre sur un secteur où son concurrent Legrand est présent en force avec des gammes complètes sous sa marque, mais aussi sous celle de sa filiale Saft.
Ces développements prennent un relief supplémentaire avec la réintroduction en bourse de Legrand mi-avril, et aussi l’évolution dans les équipes de direction : chez Legrand, c’est Gilles Schnepp qui a remplacé François Grapotte, tandis que chez Schneider Henri Lachmann a «intronisé» son dauphin, Jean-Pascal Tricoire.
N’oublions pas Hager, autre champion hexagonal qui ne participe pas à cette grande campagne de croissance externe mais préfère renforcer son activité par l’extension de ses offres. C’est notamment le cas des deux gammes d’appareillage mural, Systo et Kallysta, présentée en janvier dernier et qui ont fait l’objet de nombreux field-test tant auprès des installateurs que de la distribution électrique ; cette dernière se serait dite ravie de trouver avec Hager une alternative de choix. Si on devait choisir un qualificatif pour Hager ce serait sans doute la pugnacité: c’est pratiquement le seul constructeur qui n’ait jamais renoncé, même temporairement, à investir le créneau des automatismes résidentiels avec son offre Tébis. La meilleure preuve: une offre complète d’appareillage de commande Tébis est lancée au design de Kallysta.