Avec son "agroquartier", Léguevin veut réenchanter les franges toulousaines

Avec l’agroquartier Castelnouvel de Léguevin (Haute-Garonne), les aménageurs et lotisseurs privés prouvent leur capacité à sortir des sentiers battus de l’étalement urbain. Signé par l’architecte Louis Moutard, le projet de 1200 logements pour 40 hectares abroge la règle des deux voitures par foyer. Président de l’union nationale des aménageurs, François Rieussec engage sa société ARP dans ce projet, aux côtés du lotisseur régional Sater.

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Agroquartier Castelnouvel
L'agroquartier propose 65 % de surfaces en pleine terre dans un quartier desservi par des navettes autonomes et organisé autour d’une ferme dédiée à la production alimentaire en circuit court.

65 % des surfaces en pleine terre dans un quartier desservi par des navettes autonomes et organisé autour d’une ferme dédiée à la production alimentaire en circuit court : le dossier de permis d’aménager en instance de signature à Léguevin (Haute-Garonne) rompt avec le standard des lotissements périurbains.

Rupture et harmonie

Avec 1200 logements répartis sur 40 hectares, la densité atteint le double de la moyenne de cette catégorie de projets, tout en restant en phase avec le tissu urbain d’une ville de 9200 habitants, dans les franges occidentales de la métropole toulousaine.

« Cette configuration incite à une typologie de logements avec des formes variées, dans le prolongement d’un ancien village rue dont les petits immeubles s’épaulent les uns les autres », se réjouit l’architecte Louis Moutard, mandataire de la maîtrise d’œuvre qui comprend aussi Silvio D’Ascia Architecture, Dynalogic (mobilité) ATP (paysage), Urbactis (géomètre-expert), IDE Environnement (écologie) et Perennis Conseil (développement durable).

Dans une ville entourée de lotissements sans maillage, l'agroquartier tire parti d’un héritage difficile : à la place d’anciens pâturages, les collectivités territoriales ont profité de terrains mis à disposition par la ville pour implanter un collège, un lycée professionnel et une école, sans vision urbaine et sans desserte en transport collectif.

La fin de la deuxième voiture

L’approche innovante et volontariste des mobilités caractérise le rattrapage de cette logique opportuniste : le projet parie sur la capacité des habitants à mettre fin à la règle des deux voitures par foyer. L’absence de stationnements longitudinaux matérialisera ce défi, sur les voiries bordées de noues et dont les tracés épousent la trame des anciens chemins agricoles.

La surface gagnée sur l’automobile rend possible la prépondérance de la pleine terre, dans un dessin urbain harmonisé avec les pâtures et la zone humide environnantes.

Pour convaincre les futurs habitants drainés par la dynamique industrielle d’Airbus, Louis Moutard compte sur « la remise en cause du tout automobile et de la malbouffe, associée à la quête d’un cadre de vie agréable ». Il y ajoute un argument sonnant et trébuchant : 3000 à 3500 euros par an économisés par chaque foyer sur la deuxième voiture.

Vision partagée

Le maître d’œuvre a su partager cette vision avec une maîtrise d’ouvrage de poids : François Rieussec, président de l’union nationale des aménageurs, à travers sa société ARP, associée au lotisseur régional Sater. « De longues discussions avec le maire Stéphane Mirc ont peu à peu emporté son adhésion », ajoute l’architecte. La commune a identifié les avantages apportés à ses habitants par la production nourricière de la ferme et par le confortement des commerces locaux.

Au-delà des frontières de Léguevin, la communauté de communes de la Save au Touch profite de l’écoquartier pour saisir la perche tendue par la loi d’orientation sur les mobilités de décembre dernier : la compétence intercommunale d’autorité organisatrice permettra d’expérimenter la navette autonome proposée par Milla et déjà en exploitation à Vélizy (Hauts-de-Seine). Un système d’auto-partage complétera le dispositif.

La maison Etendard

Des « cours de l’écomobilité » jalonneront l’aménagement, à raison d’une pour 50 logements. Dessinés avec le concours du jeune paysagiste Jérôme Placé (agence ATP), ces  espaces jardinés regrouperont les stationnements des habitants et des visiteurs ainsi que les  bornes de recharge pour vélos à assistance électrique. Ils serviront aussi de réservoirs de biodiversité surveillés par l’association locale de protection de la nature.

La maison du projet centralisera l’offre de services et de produits de l’agroquartier, à côté de la ferme urbaine confiée au maraîcher nantais Guillaume Pelet. Sous la marque Nutreets, ce dernier développe un concept d’exploitation sous serre, hors-sol et en aquaponie : un élevage de poissons produit les nutriments consommés par les plantes.

En haut de la maison du projet, un restaurant servira les produits de la ferme et offrira aux consommateurs et autres visiteurs une vue panoramique de l’agroquartier. Le même équipement hébergera des formations à l’agriculture aquaponique, maraîchère ou ornementale, à destination des habitants.

Trois syndics

Le modèle économique et juridique du quartier repose sur la duplication d’outils de gestion de copropriété à d’autres domaines que l’immobilier. Dans l’orbite de l’association syndicale libre qui gérera l’ensemble, les aménageurs ont prévu de créer trois syndics dédiés au foncier, à la mobilité et à l’énergie, distribuée par un réseau d’eau tempérée. L’acquisition immobilière inclut une cotisation à chacune de ces trois entités, ce qui encourage l’utilisation des services mutualisés.

Avant la signature du permis d’aménager prévue en mai, les parties prenantes ont tiré parti de la période du confinement pour peaufiner les détails d’un projet identifié comme annonciateur d’une nouvelle vision de l’habitat périurbain, à l’heure des circuits courts et de la sobriété énergétique. Dans la foulée, les deux lotisseurs prévoient le lancement de la première tranche de 350 logements.

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