Les constructeurs de tiny houses veulent faire évoluer le cadre réglementaire

Pour structurer cette filière en plein essor et lever les freins administratifs et réglementaires au développement de ce type d’habitat particulièrement adapté aux personnes seules, jeunes actifs ou saisonniers, une vingtaine d’entreprises viennent de créer l’Union française des constructeurs de tiny house (UFCTH).

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Tiny houses à Grand-Champ (Morbihan)
La réalité de la tiny house est très loin du cliché de « logement pour zadistes » que l’on peut entendre parfois. Ici un village d’habitats légers à Grand-Champ (Morbihan) qui accueille, dans un ancien camping, les toutes premières tiny house agréées en logement social (avec Morbihan Habitat).

Apparu en France à partir de 2013, les tiny houses, ces logements, économiques, écologiques et déplaçables, connaissent un véritable essor. Depuis cette date, on estime qu’il s’en est construit entre 2 500 et 3 000 par des entreprises spécialisées ; sans comptabiliser les projets en autoconstruction, donc. Les professionnels concernés, principalement des entreprises artisanales, sont estimés à près de 200 avec une capacité de production annuelle évaluée entre 3 000 et 5 000 unités. Toutefois, ce marché reste une niche, dominée par des artisans menuisiers et charpentiers, sans standardisation des procédés de fabrication.

« On sent qu’il y a un vrai engouement pour la tiny house qui répond à plein de problématiques, sociales ou sociétales. Pour autant, il y a de vrais freins administratifs, voire financiers, parce qu’aujourd’hui, le cadre juridique est mal défini. Toutefois, grâce à une médiatisation croissante et l’intérêt de plusieurs collectivités locales, elles s’imposent progressivement comme une alternative crédible face aux défis du logement en France » assure Denis Demaegdt, président de l’UFCTH et gérant de Lou Tiny House à Loubajac (Hautes-Pyrénées).

Les acteur de la "tiny house" se réunissent au sein de l'Union française des constructeurs de tiny house (UFCTH)
Les acteur de la "tiny house" se réunissent au sein de l'Union française des constructeurs de tiny house (UFCTH) Les acteur de la "tiny house" se réunissent au sein de l'Union française des constructeurs de tiny house (UFCTH)

La naissance de l’Union française des constructeurs de tiny house (UFCTH) a été officialisée, vendredi 4 avril à Rezé (Loire-Atlantique), dans les locaux des P’tits Pénates. © Jean-Philippe Defawe

La tiny house, un logement comme un autre ?

Car ces mini-maisons, qui peuvent être construite en deux semaines pour un coût allant de 45 000 à 90 000 euros, peuvent s’intégrer pleinement dans le parcours résidentiel en France. Elles sont particulièrement adaptées aux personnes seules, jeunes actifs, saisonniers, retraités ou encore aux personnes en situation de précarité ou de mal-logement. « Même si tout le monde ne peut pas investir dans une tiny house, cela peut être une solution en termes de location, puisqu’on commence à voir des bailleurs sociaux qui s’y intéressent ou encore des collectivités locales qui lancent des appels d’offres, ce qui n’était pas le cas encore il y a 4 ou 5 ans » constate Gérard Allard, ancien maire de Rezé (Loire-Atlantique) et aujourd’hui cogérant des P’tits Pénates et vice-président de l’UFCTH.

Certains territoires sont plus avancés que d’autres et cette alternative s’avère encore plus pertinente dans les zones tendues comme à Grand-Champ, près de Vannes (Morbihan). Le sénateur Yves Bleunven, à l’époque maire de cette commune de 5 800 habitants, a pris une initiative inédite l’année dernière : créer un village de tiny houses. « Il faut prendre conscience que nous sommes dans une crise du logement sans précédent en France. En 15 ans, la valeur d’un pavillon dans ma commune est d’environ 150 000 à 300 000 euros. Cela ne donne plus accès aux biens immobiliers aux mêmes personnes et cela pose clairement la question de l’accès au logement des actifs, et principalement des jeunes actifs » constate l’élu. « C’est pour cette raison que l’on a eu l’idée de créer ce village, mais également parce que l’on avait un terrain qui s’y prêtait parfaitement, à savoir un ancien camping municipal dont le statut d’urbanisme qui nous a permis d’enclencher le processus, facilité par le préfet, qui a accepté de faire valoir son droit à l’expérimentation et à l’innovation. Aujourd’hui, nous avons validé un changement de statut en matière d’urbanisme en créant la nomenclature UBR, « R » comme réversible » raconte-t-il.

C’est ainsi qu’une trentaine de tiny house se sont implantées dans le camping, près du cœur du bourg. Dix en lots libres, dix en location par des entreprises ayant des difficultés de recrutement et qui peuvent proposer une offre d’emploi couplée à une solution de logement, et dix en logements sociaux avec Morbihan Habitat. « Cela a été très compliqué car on ne rentrait pas dans les cases mais après deux ans de négociation, ils ont obtenu leur agrément » annonce Yves Bleunven.

Financement

Sur le plan financier, la situation évolue également avec des offres de prêts dédiées, alors qu’auparavant, les futurs acquéreurs étaient contraints d’avoir recours à des prêts à la consommation. « Nous mis en place une offre un peu particulière que l’on a négociée avec nos directions et qui a vocation à assimiler la tiny house à un logement, un logement durable, une résidence principale » déclare Sébastien Le Mer, représentant du Crédit agricole Loire-Atlantique - Vendée. Constat identique du côté des assureurs, même si, pour l’heure, AXA assure près des trois quarts des tiny houses en France. « Nous nous y sommes intéressé un peu par hasard, en 2018, à travers notre site internet, et notre offre dédiée s’est faite connaître dans toute la France » explique Stéphane Vayssettes, représentant d’AXA.

Ainsi donc, les feux sont en train de passer progressivement au vert. Une nécessité, car la réalité de la tiny house est très loin du cliché de « logement pour zadistes » que l’on peut entendre parfois.

« Le phénomène concerne toutes les couches de la population, de l’infirmière à l’architecte en passant par les professions libérales, mais tous ont un point commun qui est une volonté de s’inscrire dans le territoire, c’est-à-dire s’impliquer économiquement ou dans le tissu associatif » assure Alexis Alamel, enseignant-chercheur à l’IPE de Rennes, qui consacre une étude à ce sujet et constate qu’il touche des habitants comme les autres...

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