Les éco-organismes en phase de préparation et de séduction

Entrée en vigueur officiellement le 1er janvier dernier, mais opérationnelle à partir du 1er mai prochain, la REP Produits et matériaux de la construction et du bâtiment (PMCB) traverse une phase en trompe-l’œil. Rien ne se passe en surface, mais en coulisse, les éco-organismes s’activent.

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Déchets de chantier de rénovation
Déchets de chantier de rénovation

Attendue pour le 1er janvier dernier, la REP Produits et matériaux de la construction et du bâtiment ne devrait finalement produire ses premiers effets qu’au 1er mai, les éco-organismes ne collectant l’éco-contribution qu’à compter du 1er mai. La phase qui s’est ouverte le 1er janvier 2023 est donc bien étrange pour l’observateur. Les metteurs sur le marché (fabricants, mais aussi distributeurs pour leurs marques propres et leurs importations) sont tenus d’avoir adhéré à cette date à un éco-organisme – mais rien d’autre pour l’instant ne se déploie.

C’est en fait en coulisse que tout se passe. Les quatre éco-organismes s’activent pour séduire le plus de metteurs en marché possible, soit comme actionnaires, soit a minima comme adhérents. Trois d’entre eux (Ecomaison, Valdelia et Valobat) concernent le négoce, le quatrième (Ecominéro) étant tourné vers les acteurs de la filière minérale. Valobat revendique désormais plus de 2000 adhérents. Ecomaison a lui aussi tracé son sillon. Valdelia, qui n’avait pas voulu modifier ses tarifs à la baisse, assume un volume plus faible, autour de 300. « De par notre positionnement, nous ne parlons pas à tous les metteurs sur le marché, notamment pas à ceux qui ne parlent que prix, détaille Arnaud Humbert-Droz, directeur général de Valdelia. Nous attirons des adhérents très engagés dans l’économie circulaire, comme Interface ou Janneau. »

Des négoces à séduire

Côté négociants, le travail se poursuit. Valobat, né de la volonté de Saint-Gobain, peut compter sur toutes les enseignes du groupe, mais aussi sur Téréva, Rexel, GC Gruppe, Gedex, Tout Faire, Denis Matériaux, une large partie d’Alteral… Ecomaison, déjà présent dans le meuble grand public et donc à ce titre dans les GSB, et désormais également agréé pour la REP ABJ (articles de bricolage et de jardin), peut compter pour sa part sur les enseignes de bricolage. Le groupe Samse, présent dans le bricolage avec L’Entrepôt du bricolage, a rejoint cet éco-organisme pour l’ensemble de ses activités. Tanguy et Quéguiner l’ont eux aussi choisi, de même que Ligne & Lumière et l’Orcab. Côté Valdelia, deux poids lourds ont adhéré, Chausson et CMEM. Mais pour les trois, le travail continue.

Car une fois les têtes de réseaux attirées, le travail ne fait que commencer. Les adhérents restent en effet libres de leur choix.  Chacun se détermine selon sa sensibilité, mais aussi selon ses intérêts. C’est notamment vrai des adhérents de plusieurs groupements à la fois, qui doivent arbitrer entre les recommandations des différentes centrales. Il faut aussi jouer avec les effets de double appartenance, certains faisant adhérer leurs enseignes dans différents éco-organismes pour voir ce qui se passe à plusieurs endroits à la fois. Il faut donc séduire. On a ainsi pu voir Valdelia sur le Carrefour des partenaires à Lille mi-janvier, et Valobat sur le salon Tout Faire à Orléans fin janvier. « Avec la centrale, nous travaillons à des démarches de test and learn, avant le déploiement, pour que les adhérents s’approprient les schémas, explique Rami Jabbour, directeur marketing et communication de Valobat. Cela fait partie des services qu’un groupement apporte à ses membres. »

Côté industriels et importateurs partenaires des négoces, la tâche est ardue car le nombre d’acteurs est très important, avec pas mal de PME dont certaines n’ont pas encore compris qu’elles étaient assujetties à la REP. Il faudra sans doute encore plusieurs mois pour en avoir touché la majeure partie.

Cartographie

La période actuelle est aussi largement consacrée aux modalités pratiques de la collecte en points de vente. « Département par départemnet, nous cartographions les futurs espaces, en priorisant nos adhérents distributeurs, détaille la présidente d’Ecomaison Dominique Mignon. Nous travaillons également à la préparation des contrats, sélectionnons les prestataires, préparons l’implantation sur les points de vente et le fléchage pour les artisans. » Un travail dans le détail, que chaque éco-organisme produit pour ses adhérents. Un arrêté à venir doit d’ailleurs définir la trajectoire en termes de maillage des points de collecte.

Certains volets seront toutefois mutualisés, via l’éco-organisme centralisateur. Nommé Ocab, il coordonnera un certain nombre d’actions, notamment les contrats avec les collectivités territoriales et les consignes de tri aux artisans. Présidé par Ecominéro, il s’attellera aussi à moyen terme aux modalités de l’équilibrage. Ce mécanisme assure que ceux qui auront collecté davantage que leur part de marché (calculée en fonction du nombre de metteurs sur le marché adhérents) percevront de ceux qui auront sous-collecté une compensation financière. Une manière de lisser les effets de séduction, en ramenant le dispositif à sa réalité opérationnelle.

4 000 m² : un seuil trop bas ?

Et si le maillage voulu par les Pouvoirs publics était beaucoup trop fin ? C’est en tout cas la conviction de la FDMC, qui souligne qu’avec les niveaux actuels, ce sont 4 500 points de vente qui seront concernés, auxquels s’ajouteront les déchetteries publiques et privées qui contractualiseront avec des éco-organismes. Une « démultiplication inutile », selon la FDMC, qui demande aux Pouvoirs publics de placer à 10 000 m² ce seuil qui correspond pour rappel à la surface de stockage et de vente de produits soumis à la REP PMCB, au-dessus duquel un distributeur est soumis à l'obligation de reprise gratuite des déchets triés.
 

La REP Emballages professionnels intéresse

L’Ademe lancera prochainement l’étude de préfiguration de la REP Emballages professionnels, qui doit voir le jour en 2025. Une nouvelle étape, trop lointaine pour certains éco-organismes de la REP PMCB, mais qui en intéresse d’ores et déjà quelques autres. Un réseau solide dans la distribution professionnelle constitue donc une bonne base pour envisager de se positionner sur cette nouvelle REP.

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