Les maçons défendent leur savoir-faire

Matériaux toujours plus complexes, produits semi-finis, nouvelles normes: les maçons sont au cœur de l’industrialisation du bâtiment. Certains craignent une perte de savoir-faire sous les contraintes toujours plus fortes. Les maçons trouvent la parade, en professionnalisant la mise en œuvre, en renforçant leur rôle de prescripteur, ou en développant leurs compétences.

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Industrialisation des chantiers, pénurie de main-d’œuvre, délais de réalisation de plus en plus courts… autant de contraintes qui pèsent sur les maçons et leur savoir-faire. Beaucoup d’entrepreneurs s’inquiètent de cette évolution, à l’image de Dominique Métayer, artisan maçon dans les Yvelines et président de l’UNA maçonnerie carrelage de la Capeb. Il estime que « le métier peut prendre deux directions : une par défaut, en répondant à tous les marchés qui se présentent sans avoir les compétences, faute de main-d’œuvre ». La deuxième se faisant par choix, « en privilégiant un rôle de conseil ». Un constat que partage Jacques Wermuth, président de l’Union maçonnerie gros œuvre (UMGO) de la FFB : « Notre savoir-faire se déplace vers l’amont de la filière, vers la conception et l’organisation du chantier. »

Equilibre. Cette évolution transparaît dans la nouvelle norme NF EN 206-1 applicable aux bétons de structure depuis le 1er janvier. A travers cette norme et le régime de responsabilité qu’elle induit, un nouvel équilibre avec les industriels se construit. Le rôle du prescripteur est renforcé parce qu’il prend la responsabilité soit du béton qu’il demande, soit du béton qu’il formule lui-même. « Les formulations des bétons sont devenues tellement précises qu’il serait dommage de s’en priver », assure Benoist Thomas, secrétaire général du Syndicat national du béton prêt à l’emploi. Dominique Métayer n’est pas d’accord et estime que cette norme « nous accable de responsabilités d’un côté et nous retire des compétences de l’autre ».

Mais le savoir-faire des maçons est-il dans la fabrication du béton ? Bernard Titz, directeur général de Vicat, répond par la négative. « Le savoir-faire des maçons, c’est avant tout la mise en œuvre des produits », estime-t-il. Si beaucoup d’entrepreneurs ont décidé de ne plus faire leur béton, d’autres, comme Didier Brosse dans la Loire, ont décidé de s’aider d’adjuvantiers. Mais une autre parade existe, comme le montrent les frères Zanello en Basse-Normandie, avec leur atelier de préfabrication.Le développement des produits « semi-finis » est une autre marque de l’industrialisation. Jean-François Valdebouze, de la Fédération française des tuiles et briques, estime que ces produits imposent aux maçons de « travailler sur la méthode de pose ». Une évolution qu’un jeune entrepreneur alsacien comme Jean-Marc Spatz a bien comprise. Il a baptisé lui-même son entreprise de gros œuvre CBA, pour « concepteur, bâtisseur, assembleur ».

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