Les matériaux alternatifs prennent la route

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Recyclage -

Les déchets sont des matériaux d’avenir pour la route. C’est ce que les acteurs du secteur s’emploient à démontrer pour vaincre la frilosité de certains maîtres d’ouvrage. Entre techniques éprouvées, innovations et création des conditions de développement de la filière, les arguments ne manquent pas.

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Fraisats d’enrobés issus du rabotage des routes, mâchefers provenant de l’incinération des déchets non dangereux, laitiers sidérurgiques, matériaux issus des chantiers du BTP…, la route a depuis longtemps montré ses capacités à absorber des déchets ou des coproduits générés par elle-même ou par d’autres activités. Mais alors que les performances mécaniques et géotechniques ont longtemps été les seules prises en compte pour déterminer le potentiel de valorisation d’un déchet, « depuis le début des années 2000, son impact environnemental est peu à peu devenu prépondérant », analyse Didier Desmoulin, directeur technique adjoint de Colas Route France. Si bien qu’aujourd’hui, « la problématique des déchets est soumise à deux forces contraires, explique Christophe Jozon, président de la commission recyclage de l’Union nationale des producteurs de granulats (UNPG) : d’un côté, la dynamique amorcée par la France, avec le Grenelle de l’Environnement, et par l’Europe, avec la directive Déchets, incite à recycler toujours davantage ; de l’autre, les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus méfiants et redoutent d’intégrer ces matériaux alternatifs dans leurs ouvrages, voire en interdisent explicitement l’usage dans leurs cahiers des charges. »

Christophe Jozon estime que « l’équilibre favorable à cette économie circulaire ne pourra être trouvé qu’à partir d’une réponse technique ». C’est une bonne nouvelle pour la communauté du BTP, qui peut s’appuyer sur de nombreux arguments pour vaincre la frilosité des maîtres d’ouvrage. L’un des plus importants provient de l’administration. Le Sétra, service technique central du ministère de l’Ecologie (bientôt intégré au Cerema, voir p. 14 de ce numéro), qui fait autorité dans le domaine de la route, a récemment publié des guides techniques sur l’acceptabilité environnementale des matériaux alternatifs en techniques routières. Issus d’un travail collaboratif de longue haleine avec tous les professionnels concernés, ces textes définissent les critères environnementaux à respecter pour qu’un matériau (les laitiers sidérurgiques, les mâchefers, et bientôt les déchets inertes du BTP) puisse être valorisé dans la route (voir page ci-contre).

Des coûts souvent inférieurs aux solutions de base

Autre argument, symbole d’une vision partagée, la Convention d’engagement volontaire que les acteurs de la route (1) avaient signée avec le ministère de l’Ecologie et l’Association des départements de France (ADF) le 25 mars 2009. Après un bilan d’étape positif en 2013 (voir « Le Moniteur » du 19 avril 2013, p. 18), des objectifs ont été fixés pour 2017 et beaucoup concernent le recyclage (voir page ci-contre). Par effet miroir, les maîtres d’ouvrage peuvent se rassurer en constatant que d’autres ont franchi le pas de la valorisation avec succès et à des coûts souvent inférieurs aux solutions de base, comme le montrent de nombreux exemples (voir pages 41 à 48).

Récemment a surgi une solution radicale : faire perdre au déchet son statut de déchet en le transformant en produit. Une possibilité offerte par le , tiré de la transcription de la directive Déchets. Un groupe de travail réunissant les professionnels autour du ministère de l’Ecologie s’est monté pour réfléchir à une telle procédure pour les déchets du BTP. Certains n’ont pas attendu les conclusions du groupe pour en profiter, à l’exemple d’Yprema, premier industriel du secteur à avoir déposé, en septembre 2012, un dossier demandant la sortie du statut de déchet pour ses granulats recyclés sur son site de Massy (Essonne)…

Connaître les gisements disponibles et leur potentiel

Au-delà de ces arguments, le développement du recyclage des déchets suppose une bonne connaissance des gisements disponibles et de leur taux de valorisation. Or, sur ce point, les situations sont contrastées. Les volumes des coproduits générés par l’industrie (laitiers sidérurgiques, mâchefers, etc.) et leur devenir sont bien connus. C’est le cas aussi des agrégats d’enrobés issus du fraisage des chaussées. Mais il en va autrement des déchets inertes issus de la déconstruction, difficilement traçables, et qui constituent pourtant la majorité des matériaux alternatifs. Une méthodologie d’observation statistique, élaborée conjointement par l’Ademe, la Cellule économique de la construction Rhône-Alpes (Cera), l’Unicem, la FFB et la FNTP, a été testée dans les départements de Rhône-Alpes. L’expérience, qui devrait s’étendre à l’ensemble des collectivités, a pu livrer ses premières conclusions. Elles sont plutôt rassurantes, puisqu’« entre 50 % et 60 % des déchets inertes du BTP générés en Rhône-Alpes sont valorisés dans la route », conclut Christophe Jozon.

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PHOTO - 740998.BR.jpg PHOTO - 740998.BR.jpg (Hervé FABRE/Hervé FABRE)

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