L’habitat se réinvente grâce la convergence de deux lames de fond : les « ateliers hors les murs » des parcs naturels régionaux et le programme Petites villes de demain du ministère de la Cohésion des territoires.
Parmi les 17 partenaires qui convergeront autour de ce noyau les 25 et 26 novembre à l’Ecole d’architecture de Paris la Villette, citons la fédération nationale des agences d’urbanisme (Fnau), la fédération nationale des schémas de cohérence territoriale (FN Scot), le collectif des paysages de l’après-pétrole (Pap) et la plate-forme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu).
Un modèle éprouvé
Chargé de l’aménagement du territoire à la fédération nationale des parcs naturels régionaux (FNPNR), Nicolas Sanaa résume la formule des 25 « ateliers hors les murs » en phase d’essaimage dans les petites villes : « Une semaine d’immersion du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, pour établir un diagnostic et formuler des hypothèses de développement, à partir d’une vision pluridisciplinaire d’un territoire ».
Un partenariat établi de longue date avec l’Ecole d’architecture de Nancy a servi de laboratoire. Les éprouvettes se sont ensuite enrichies des regards des paysagistes et des géographes, malgré des premiers pas difficiles : « Avant la création de l’Agence nationale de la cohésion des Territoires, un premier speed dating lancé par le ministère de la Culture pour favoriser les rencontres entre écoles et territoires n’avait abouti qu’à un petit nombre de projets », se souvient Nicolas Sanaa. Depuis, les retours d’expériences entretiennent la dynamique.
Une greffe réussie
Séduite par le programme des petites villes de demain (PVD), la fédération a proposé de lui appliquer cette formule, y compris dans des territoires qui ne font pas partie d’un PNR. « Nous avons identifié une fenêtre de tir pour sortir du tropisme de la place du village que l’on vient visiter le dimanche, et aller vers une vision de l’habitat qui intègre la mobilité et les ressources locales », se réjouit le chargé de mission.
Sélectionnée parmi les 1600 PVD dans le périmètre du PNR des ballons des Vosges, Plombières-les-Bains (Vosges) illustre les espoirs portés par les Etats généraux : les écoles du paysage d’Angers et d’urbanisme de Paris ont ébauché la renaissance de la cité thermale, confrontée au déclin commercial et à l’immobilisme du propriétaire des thermes. Une dynamique comparable s’enclenche à Fénétrange (Moselle), dans le PNR de Lorraine, autour de la reconversion d’un ancien internat de jeunes-filles, sous l’œil des enseignants et élèves en architecture de Paris Val-de-Seine et des étudiants en géographie de Paris Diderot.
Sobriété désirable
Oubliés des articles de la loi Climat sur l’artificialisation des sols et de leurs décrets d’application, les PNR profitent des Etats généraux de l'habitat pour s’impliquer dans leur mise en oeuvre : « Nos territoires artificialisent deux fois moins que la moyenne du pays », rappelle Nicolas Sanaa. Secret de ce bilan selon la FNPNR, les assistances à maîtrise d’ouvrage de haut niveau utilisent la sobriété foncière comme un stimulant, alors que les élus locaux en manque d’ingénierie y voient d’abord une punition.
Pour affirmer le caractère universel du message, y compris pour les habitants des métropoles, les Etats généraux s’appuieront sur le film Douce France de Geoffrey Couanon, grand prix 2020 du festival international du film d'environnement projeté en fin de première journée : des adolescents de la banlieue parisienne avaient rêvé de skier sur le Triangle de Gonesse, à la frontière de la Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise, comme le leur avait promis le projet Europacity. La découverte de la valeur nourricière des terres agricoles leur inspire un autre rêve, comme un écho à la devise des PNR, selon lequel « une autre vie s’invente ici ».
Un manifeste en gestation
Les Etats généraux des 25 et 26 novembre ambitionnent de diffuser l’espoir véhiculé par cette démonstration, à travers un manifeste qui synthétisera les propositions issues des deux jours de débats. Les PNR le soumettront au gouvernement. Le collectif Pap envisage d’en élargir les destinataires aux candidats à l’élection présidentielle.