« Les enjeux sur ces sujets d’ingénierie maritime n’ont jamais été aussi forts. Pour trouver des réponses concrètes il faut que tous les acteurs travaillent ensemble », attaque, durant la conférence de presse donnée le 22 juin juste avant la première journée des RIM, le directeur de l’ESITC Caen, Jérôme Lebrun. « Or, il n’existait pas de lieu où les différents acteurs de l’ingénierie pouvaient échanger avec les maîtres d’ouvrage », rebondit Sébastien Dupray, directeur adjoint Risques, Eaux et Maritime au Cerema, très heureux de trouver enfin un lieu permettant ces échanges.
Solutions techniques
« Nous avons besoin de connaissances techniques pour résoudre les défis liés au changement climatique », confirme en ouverture des journées le maire de Caen et président de Caen la mer, Joël Bruneau. Julie Barenton-Guillas, vice présidente de la région renchérit : « Nous devons affronter le défi du recul du trait de côte. Pour cela nous disposons de nombreux outils pour la recherche en région, par exemple le canal à Houle de l’ESITC Caen, la station marine de Luc-sur-Mer mais aussi une salle de réalité virtuelle qui permet de sensibiliser les élus locaux aux effets dévastateurs des tempêtes ». Elle ajoute que les attentes des élus sur ces questions sont réelles et fortes.
Pour accompagner au mieux les collectivités, et pouvoir plus aisément réaliser des études pour ces dernières, le Cerema vient justement de changer de statut. « Les collectivités sont nos nouveaux patrons. Ce statut unique en France va leur permettre de faire avec le Cerema du « in house », se félicite le directeur général délégué du Cerema, Pascal Terrasse.
Cap sur la croissance bleue
La première table ronde s’est attachée à montrer le potentiel de « croissance bleue » attendu dans les prochaines années tandis que la deuxième a traité des problématiques d’adaptation des territoires au changement climatique. Cette deuxième table ronde a été précédée d’une présentation des problématiques d’adaptation du domaine maritime au changement climatique par Marie Carrega, adjointe au secrétaire général de l’Onerc. Même si cette dernière a souligné : « Il faut sortir de l’idée qu’il y aura toujours une solution technologique », reste que certaines solutions techniques doivent être mises en place rapidement aussi bien pour réduire nos émissions que pour adapter les infrastructures aux changements à venir.
Investissements
Transport maritime, production d’énergie, tourisme, câbles, matériaux, aménagements maritimes et portuaires, etc. Les différents propos ont permis de mette en lumière les enjeux et montants considérables à investir dans les prochaines années en matière d’ingénierie maritime.
L’intervention de Nicolas Trift, sous-directeur des ports à la DGITM a très bien illustré ces enjeux colossaux pour les ports : « Les places portuaires représentent la moitié des émissions de CO2 de l’industrie française ». Il existe donc pour elles, à la fois un énorme enjeu de décarbonation des industries qu’il faut accompagner tout en développant des relais de croissance avec par exemple l’éolien et l’hydrogène, mais aussi un enjeu d’adaptation des infrastructures pour faire face à la montée des eaux et aux épisodes climatiques extrêmes. « Des études sont en cours pour définir la stratégie d’adaptation des ports français », explique Nicolas Trift.
Il a souligné que des sommes importantes étaient déjà investies pour aider les entreprises à changer leurs process, et notamment Arcelor Mittal.
La bataille se gagne à terre
Après cette table ronde, le directeur général d’Haropa Port, Stéphane Raison, a confirmé cette importance des ports via, notamment, un exercice de prospective sur la stratégie portuaire à l’horizon 2050 : « La bataille des ports se gagne à terre. Il faut mêler ports maritimes et ports fluviaux. Les fusions entre ports vont s’accélérer afin de changer d’échelle pour changer de modèle industriel et de modèle économique. ». il a confirmé que dans les prochaines années les ports vont devoir accompagner les industriels dans la décarbonation de leurs process, tout en devant en parallèle lutter contre le risque de submersion marine.
Figurent également au menu des défis à relever : la protection de la biodiversité, la zéro artificialisation nette (ZAN), les zones à faible émission (ZFE) ou encore la transition numérique. « Nous avons un énorme chemin à parcourir avec des enjeux équivalents a ceux de la création des ports autonomes. Nous prenons la mer et nous serons prêt pour 2050 », a conclu Stéphane Raison.
Innovations et défis
La journée du 23 juin a été dédiée aux innovations et défis techniques à relever. En ouverture, Jentsje Van der Meer, créateur de Van der Meer Consulting, a exprimé sa confiance dans la technique pour consolider de façon sûre les digues d’au moins un mètre.
L’après-midi, de nombreuses présentations scientifiques et techniques ont permis de présenter en détails des projets de recherche comme celui de la « Caractérisation des submersions marines et de l’érosion du trait de côte par l’intégration des ondes infragravitaires sous XBeach 2D ».
Besoins de compétences
Enfin, a été abordée l’épineuse question des besoins de compétences et de formations pour répondre aux énormes enjeux mis en évidence durant ces rencontres.
Durant les trois jours, des stands ont permis aux professionnels de présenter leurs travaux et de mieux se faire connaître des professionnels et des étudiants, venus eux aussi nombreux assister à ces premières rencontres qui ne devraient pas être les dernières.