Dix ans après son lancement, le quartier d'Euralille s'est progressivement intégré dans le paysage urbain lillois. C'était l'un des principaux objectifs de Jean-Louis Subileau, le directeur général de la Saem Euralille qui, dès son arrivée en 1998, s'est fixé comme priorité de rattacher à la ville la « turbine tertiaire » voulue par Pierre Mauroy. Cet effort est déjà visible pour les espaces de liaison entre Euralille et les tissus urbains alentour. Ainsi, le boulevard Carnot a été réaménagé, la place des Buisses refaite, une promenade plantée réalisée sur la dalle couvrant le périphérique à hauteur des Dondaines, etc. Parallèlement, sous maîtrise d'ouvrage de l'Etat, la « pénétrante » d'entrée dans Lille a été métamorphosée en boulevard urbain, planté et doté d'un mail central. Ces espaces publics ont conféré une qualité urbaine à l'opération dont la radicalité avait initialement déconcerté les Lillois. La structure de l'opération est aussi apparue plus lisible. Mais il reste beaucoup à faire. Dans une agglomération où la qualité des espaces publics est une préoccupation récente et où la marge de manoeuvre financière de l'aménageur est réduite, la dimension des réalisations laisse parfois à désirer. Ainsi le réaménagement de la place des Buisses, prévoit « ultérieurement » le retraitement complet de la place. De même, le parc Matisse tarde à s'achever et, en son milieu, l'île Derborence, éminence dont le sommet délibérément inaccessible devait se couvrir de plantes diverses apportées par le vent, demeure dans un état qui suscite les lazzis. Par ailleurs, les espaces publics internes aux différents secteurs d'Euralille ont fait l'objet d'études approfondies. Jean-Louis Subileau n'a pas hésité à faire plancher successivement plusieurs concepteurs sur les mêmes secteurs. C'est à Saint-Maurice que le résultat est aujourd'hui le plus visible, l'aménagement conçu par Xaveer De Geyter (ex-collaborateur de Rem Koolhaas) et Fabienne Fendrich étant en cours de concrétisation. Il conjugue habilement respect des grands alignements urbains et des dénivelés originels du terrain, avec des implantations d'immeubles discontinues. Un autre objectif de l'aménageur est en train de se concrétiser : la confortation du secteur central. Sur ce site, où voisinent déjà des éléments à forte identité architecturale (gare Lille Europe, viaduc Le Corbusier, centre commercial et tours), Jean-Louis Subileau s'est acharné à décrocher des « programmes forts, dont la forme tienne le dialogue avec les constructions proches ». Ce devrait être le cas avec la Cité des affaires voulue par la CCI de Lille et portée par Palm Promotion. Le bâtiment dessiné par François et Marie Delhay affiche une compacité déterminée, pour faire bloc à proximité des tours, mais aussi une enveloppe d'une couleur chaudement cuivrée, pour trancher par rapport au métal et au verre des voisins. De même, un peu plus loin, va bientôt naître une étonnante Cité de l'Europe conçue par Josep Lluis Mateo. L'architecte catalan a joué sur une volumétrie variée pour répondre aux IGH en vis-à-vis. Principal dilemme qu'ont cherché à résoudre Jean-Louis Subileau et son équipe : comment gérer le rapport entre le secteur central, caractérisé notamment par les tours IGH, et la petite échelle des autres secteurs sans affadir l'« effet Euralille » ? Les réponses sont très différentes selon les secteurs. En lisière du secteur Saint-Maurice, le plus proche, il a été possible de maintenir des immeubles élevés (R 8) face aux tours, de façon à instaurer une échelle intermédiaire entre les logements (R 4) et les maisons de ville du faubourg. Pour le quartier du Romarin, un peu plus à l'écart et accroché à un noeud autoroutier, François Grether a suggéré des bâtiments « singuliers » qui pourraient être « lus » depuis les boulevards, notamment grâce à une implantation en peigne. Michel Macary, architecte de l'ensemble de bureaux du promoteur Codic l'a, dans ce but, doté d'un pignon monumental qui sera visible du Grand Boulevard comme du coeur d'Euralille. Vers le centre de Lille, c'est l'aménagement de la place des Buisses, conçu par l'agence Seura (Florence Bougnoux), qui est l'élément déterminant : des mâts en béton poli de 25 m de hauteur donnent à cet espace un gabarit virtuel qui assure une transition entre le centre commercial et la gare Lille Flandres. Par ailleurs, un long auvent d'acier et de verre structure la liaison piétonne entre les deux gares. Vers Lille Grand Palais, c'est l'aménagement à venir du parvis de Rotterdam, dont la conception a été confiée à l'architecte François Andrieux, qui va jouer un rôle clé dans la lisibilité d'Euralille et son articulation avec le secteur Chaude Rivière. C'est sur le secteur du Romarin, sur la commune de La Madeleine, que les logiques urbaines prônées par l'équipe d'Euralille se sont le plus heurtées aux pratiques d'aménagement locales. « A Lille, les mentalités sont encore très routières, à la différence de ce que je constate à Lyon ou à Paris », relève François Grether, chargé du schéma général du secteur. Point d'achoppement : la transformation du Grand Boulevard. Cet axe, qui relie Lille aux centres-ville de Roubaix et de Tourcoing, a été au fil des ans transformé en une voie rapide, dotée de tunnels dénivelés aux croisements. François Grether a proposé la création d'une vaste place au croisement du Grand Boulevard et de l'avenue Paul-Doumer, afin de rétablir une continuité et permettre des traversées automobiles et piétonnes. Après moult débats, le projet a été amendé. Une place sera bien réalisée, mais au-dessus d'un nouveau tunnel, creusé pour permettre aux quelque 60 000 véhicules/jours qui empruntent l'axe d'arriver plus vite dans Lille. Mais, dit François Grether, « le retour du Grand Boulevard à un statut de voie urbaine s'imposera tôt ou tard ». Plus globalement, son projet pour le Romarin vise à combler la « béance » de la ville entre Euralille et les tissus urbains existants du côté de La Madeleine. Par ailleurs, une avenue plantée reliant la gare à la traversée du Grand Boulevard devrait rattacher le Romarin plus étroitement au coeur d'Eura-lille. Le futur siège de la région Nord-Pas-de-Calais, qui devrait être inauguré en 2005, est le premier élément constitutif d'Euralille 2, extension lancée en 2000. Pierre Mauroy, président de la communauté urbaine de Lille Métropole, a vu là l'occasion de prolonger l'impact d'Euralille sur le site de l'ancienne Foire. Il a donc confié à la SAEM l'aménagement de ce site. L'enjeu est de réintégrer dans la ville les emprises laissées vacantes par la disparition de la Foire. La nouvelle ZAC s'étend sur 21 ha. Conformément au plan conçu par les architectes Dusapin et Leclercq, elle accueillera Le bois habité, un quartier mixte de 190 000 m2 Shon dans un environnement boisé, composé de grands équipements, de bureaux, de locaux d'activités, d'équipements hôteliers et sportifs et de 6 à 800 logements. Déjà, par contagion, certains évoquent un Euralille 3 sur l'emprise de la gare Saint- Sauveur, qui doit être libérée par la SNCF à terme.LES OPERATIONS EN COURS ET A VENIRLa Shon disponible au 1er janvier 2002Euralille 1Saint-Maurice : 2 623 m2Secteur central : 26 340 m2Le Romarin : 29 000 m2Chaude-Rivière : 71 000 m2Euralille 2 130 000 m2 (compte tenu des 60 000 m2 déjà cédés correspondant à la future implantation du siège de la région). Programmes de bureaux lancés en 2001Saint-MauriceBouygues Immobilier, 18 000 m2. Secteur centralPalm Promotion, 12 000 m2 (Cité des Affaires, qui comprend un hôtel de 120 chambres)Cogedim, associé à Elige et Groupe D, 19 000 m2 (Cité de l'Europe)Le RomarinCodic, 17 000 m2 (Romarin Sud)Elige et Marignan : 6 500 m2. Programme prévisionnel d'Euralille 2 (achèvement 2010)Hôtel de région Nord-Pas-de-Calais 45 000 m2 ShonExtension palais des congrès (Lille Grand Palais) 15 000 m2Equipements hôteliers, services et commerces 18 000 m2Bureaux et locaux d'activités 37 000 m2Logements 47 000 m2Equipements publics 13 000 m2. PLANS :Lancée en 1990 autour des deux gares, l'opération s'étend maintenant sur les 90 hectares, d'emprise des anciens remparts de Lille. Le plan directeur du Romarin s'efforce de limiter l'impact des infrastructures. MAQUETTES : Le quartier du Romarin avec ses immeubles en peigne. Outre le futur siège de la région, l'un des points marquants de la ZAC EURALILLE 2, 21 hectares, sera « le bois habité » (ci-dessus), un quartier conçu par les archi- tectes Dusapin et Leclercq. Il mêlera dans un environnement boisé 700 logements, des équipements hôteliers et sportifs, des bureaux et des activités.
LILLE Euralille s'agrandit, s'ouvre à l'habitat et tisse des liens avec la ville environnante
Dix ans après son lancement, le projet phare de la métropole lilloise a pris un nouvel élan : plusieurs projets d'architec-ture singulière confortent le coeur de la « turbine tertiaire » initiale, l'opération s'étend vers le sud avec la ZAC Euralille 2, la réalisation des premiers quartiers à domi-nante habitat s'achève (Saint-Maurice) ou prend forme (le Romarin).
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29 - EAU DU PONANT
Date de réponse 15/10/2025