LOGEMENT Un prix de foncier dissuasif

La flambée des prix des terrains gagne le Pays basque intérieur. Les élus hésitent sur la question de la densité. La création d'un établissement public foncier semble s'imposer.

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«La situation est grave, elle pourrait même devenir socialement explosive », assure un professionnel du bâtiment pourtant connu pour sa modération. L'étude que s'apprête à rendre public l'Agence d'urbanisme Adour-Pyrénées laisse songeur. L'agglomération littorale attire, depuis 20 ans, actifs et candidats à la résidence secondaire. Le logement collectif domine sur l'agglomération littorale, sauf à Anglet. Partout ailleurs, tradition basque, la maison (etxe) règne seule au milieu de sa parcelle de 3 à 5 000 m2. Pour combien de temps ? Un appartement dans le centre de Bayonne ou d'Anglet s'achète 2200 à 2600 euros le m2, 4 000 euros le m2 à Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz. Le prix d'une maison dans le péri- urbain oscille entre 180 000 et 300 000 euros, prix plancher sur le littoral. Les loyers deviennent inaccessibles : pour un jeune couple avec un ou deux enfants, 654 euros pour un T4 sur le BAB, une augmentation moyenne de 25 % environ depuis 2002 selon l'agence d'urbanisme. « Nous ne pouvons pas satisfaire environ 4 000 demandes de logements sur tout le littoral, constate Philippe Etcheverria, directeur de l'office départemental HLM à Bayonne, et l'envolée des prix du foncier nous oblige aujourd'hui à doubler notre engagement en fonds propres pour équilibrer une opération. » Lourd. « C'est tout le parcours résidentiel qui est aujourd'hui grippé », reconnaît Michel Veunac.

Trois solutions émergent : d'abord la révision en cours des plans d'urbanisme. Le PLH prévoit la construction de 570 logements sociaux sur l'agglomération. Biarritz en annonce 40 par an. Anglet ouvre davantage et envisage des R + 4 avec parkings en surface sur trois terrains du centre. Deuxième piste, les opérations associant promoteur et bailleur social qui se multiplient aux franges de l'agglomération. « Elles deviennent la clé pour accéder au foncier des communes périphériques notamment » , confirme ce promoteur. Certains maires de la périphérie - Saint-Pierre-d'Irrube, Arcangues, Bidart - jouent le jeu. Ils sont encore minoritaires. « Sans bétonner à outrance, il va bien falloir que les élus accélèrent le mouvement de la densification », estime Philippe Lesbordes, de la Soprim, la filiale promotion du groupe Etchart. Troisième solution, préconisée dans le rapport de l'inspecteur général des Ponts Bernard de Korsak, qui stigmatise « la défaillance publique » : la création d'un établissement public foncier qui aurait l'avantage de geler le prix des terrains, mais l'impératif de densité doit aussi pénétrer les mentalités basques. L'agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz n'a pas su anticiper ces évolutions de fond, laissant la ville de Bayonne assumer, seule, ses responsabilités, en matière de logement social notamment . « Nous avons cinq à dix ans de retard dans nos politiques publiques de production de logements », constate Philippe Etchevaria. L'heure est au rattrapage. Via les Scot que l'agence d'urbanisme Adour-Pyrénées met en chantier.

DESSIN :

Il y a quelques jours, à Anglet, la résidence « Le jardin de Nerval » était livrée à l'office départemental HLM : 29 logements locatifs en prêt locatif à usage social (Plus), signés par les architectes Gulacsy et Massié. Prix de revient global (HT) : 2 180 000 euros, dont 1 757 000 de coût de travaux.

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